La crèche de Noël est une tradition catholique qui met en scène l’histoire de la Nativité de Jésus. Telle un miroir de la société, elle est exposée dans les églises entre le premier dimanche de l’Avent et le 2 février, jour de la présentation de Jésus au Temple de Jérusalem. Depuis le 19e siècle, on la retrouve également dans les maisons. Pour les catholiques qui suivent sa tradition, la crèche de Noël rend hommage à la maternité, à l’enfance et à la vie.
L’origine de la crèche de Noël
Le mot crèche vient du latin « Scripia » qui signifie « mangeoire » pour animaux. Après un petit détour en Allemagne, le mot « krippe » a donné « crèche » en français au 12e siècle et « crib » en anglais. Le mot français est utilisé en tant que structure administrative qui accueille les petits-enfants pendant que leurs parents travaillent.
La crèche raconte l’histoire de la Nativité, ainsi décrite dans l’Évangile de Luc, au chapitre 2 :
Le recensement romain
1 En ce temps-là, l’empereur Auguste publia un édit qui ordonnait le recensement de tous les habitants de l’Empire. 2 Ce recensement, le premier du genre, eut lieu à l’époque où Quirinius était gouverneur de la province de Syrie. 3 Tout le monde allait se faire recenser, chacun dans la localité dont il était originaire.
Le départ de Joseph et Marie pour Bethléhem
4 C’est ainsi que Joseph, lui aussi, partit de Nazareth et monta de la Galilée en Judée, à Bethléhem, la ville de David : il appartenait, en effet, à la famille de David. 5 Il s’y rendit pour se faire recenser avec Marie, sa fiancée, qui attendait un enfant. 6 Or, durant leur séjour à Bethléhem, arriva le moment où Marie devait accoucher. 7 Elle mit au monde un fils : son premier-né. Elle lui mit des langes et le coucha dans une mangeoire parce qu’il n’y avait pas de place pour eux dans la pièce réservée aux hôtes.
Les anges annonce la naissance aux bergers
8 Dans les champs environnants, des bergers passaient la nuit pour garder leurs troupeaux. 9 Un ange du Seigneur leur apparut et la gloire du Seigneur resplendit autour d’eux. Une grande frayeur les saisit. 10 Mais l’ange les rassura : N’ayez pas peur : je vous annonce une nouvelle qui sera pour tout le peuple le sujet d’une très grande joie. 11 Un Sauveur vous est né aujourd’hui dans la ville de David ; c’est lui le Messie, le Seigneur. 12 Et voici à quoi vous le reconnaîtrez : vous trouverez un nouveau-né dans ses langes et couché dans une mangeoire. 13 Et tout à coup apparut, aux côtés de l’ange, une multitude d’anges de l’armée céleste qui chantaient les louanges de Dieu : 14 Gloire à Dieu au plus haut des cieux ! Et paix sur la terre aux hommes qu’il aime.
Les bergers se rendent à l’étable
15 Quand les anges les eurent quittés pour retourner au ciel, les bergers se dirent l’un à l’autre : Allons donc jusqu’à Bethléhem pour voir ce qui est arrivé, ce que le Seigneur nous a fait connaître. 16 Ils se dépêchèrent donc d’y aller et trouvèrent Marie et Joseph avec le nouveau-né couché dans une mangeoire. 17 Quand ils le virent, ils racontèrent ce qui leur avait été dit au sujet de cet enfant. 18 Tous ceux qui entendirent le récit des bergers en furent très étonnés. 19 Marie, elle, conservait le souvenir de toutes ces paroles et y repensait souvent. 20 Les bergers s’en retournèrent, louant et glorifiant Dieu au sujet de tout ce qu’ils avaient vu et entendu : c’était bien ce que l’ange leur avait annoncé.
(Bible du Semeur)
Ainsi, à la naissance du bébé, Marie plaça Jésus dans une mangeoire. Par extension, la mot crèche désigne l’étable (ou la grotte) dans laquelle naquit Jésus, ainsi que le décor comprenant les figurines de la Nativité.
L’histoire de la tradition de la crèche de Noël
Du récit de la Nativité dans l’Évangile de Luc aux crèches contemporaines, la tradition de la crèche de Noël a bien évolué… petit concentré d’histoire :
Les premières représentations de la Nativité
On a retrouvé des fresques et des bas-reliefs dès les 3e, 4e et 5e siècles représentant la Nativité. Mais il faut attendre le 12e siècle pour que naisse la nouvelle tradition de la crèche.
Les premières crèches vivantes
Selon la légende, Saint-François d’Assise organisa en 1223 la première crèche de Noël avant la messe de minuit. Les scènes étaient jouées par des acteurs (des villageois de Grecchio) et de vrais animaux faisaient partie de l’événement. Les premières crèches étaient donc des crèches vivantes.
Les crèches permanentes (et non-vivantes)
Puis, tout ce beau monde a été remplacé par des sculptures en bois, en argile, en carton pâte, en porcelaine ou en cire. Il semble que la plus ancienne crèche non-vivante (c’est-à-dire constituée de personnages sculptés) date de 1252. Assemblée au monastère franciscain de Füssen en Bavière, elle contenait des personnages en bois.
La plus ancienne crèche visible est conservée au musée de la basilique Sainte-Marie-Majeure à Rome. Sculptée en pierre à la demande du pape Nicolas IV, elle daterait de 1288.
La tradition des crèches est alors exclusivement exposée dans les églises italiennes, de la Toscane à l’Ombrie, et surtout en Campanie (la région de Naples).
L’âge d’or des crèches en format réduit
Jusqu’au 16e siècle, ces crèches ne ressemblaient pas à celles qui nous connaissons : il s’agissait de représentations peintes sur des tableaux, des fresques, des bas-reliefs, voire des mosaïques.
À l’avènement de la Réforme, ces représentations ne furent pas du goût des Protestants. Ils lui préférèrent une autre tradition : le sapin de Noël. Celui-ci se répandit dans toutes les contrées converties au protestantisme, généralement l’Europe du Nord. La tradition de la crèche fut donc abandonnée au profit de l’arbre de Noël.
Lors de la Contre-Réforme, les Jésuites utilisèrent la tradition de la crèche comme un outil didactique. Ils diffusèrent un modèle réduit de crèche avec des personnages « indépendants » vêtus de tissus précieux. On la retrouva dans les églises et les couvents (la première documentée date de 1562 à Prague). Puis la crèche fut adoptée dans les maisons des riches familles aristocratiques et nobles d’Italie. La duchesse d’Amalfi semble avoir installé la première crèche à domicile en 1567. L’initiative des Jésuites favorisa donc l’essor de la crèche « domestique », installée dans les maisons des familles croyantes et non plus seulement dans les sanctuaires religieux.
La démocratisation de la crèche familiale
Pendant la Révolution française, toute pratique religieuse était interdite, y compris les crèches publiques. Les familles aisées perpétuèrent la tradition à leur domicile. C’est à cette époque que se développa la crèche dite provençale avec ses santons (« petits saints » en provençal). En France, la démocratisation de la crèche de Noël apparut dès la seconde moitié du 19e siècle lorsque les marchands d’objets religieux vendirent des figurines en plâtre peint fabriquées en série.
Aujourd’hui, on trouve la crèche de Noël dans les églises, dans les lieux publics (marchés de Noël notamment) et bien sûr, dans les maisons. Une polémique est également en cours pour savoir si la place d’une crèche de Noël est justifiée dans les bâtiments publics (mairies, conseils régional ou général, écoles).
Dans les maisons en France, il est courant de la voir installée au pied du sapin de Noël. On y dépose devant elle les cadeaux le soir de Noël.
La crèche de Noël : une tradition catholique
On l’a dit, la crèche de Noël est une tradition diffusée depuis le Moyen-Âge dans les pays de la Chrétienté. À l’avènement de la Réforme, elle fut bannie du monde protestant qui lui préféra la tradition du sapin de Noël. Le sapin ne fait pas allusion à l’adoration des saints et symbolise l’arbre de vie.
Aujourd’hui, la tradition de la crèche de Noël est suivie par les pays et régions d’Europe à majorité catholique : France et Italie, mais aussi Espagne, Portugal, Irlande, Pologne, Autriche…
L’attitude que l’on a devant une crèche de Noël diffère selon les individus : certains apprécient son aspect décoratif, d’autres se recueillent devant elle à l’église.
Dans la plupart des familles, la crèche de Noël est dressée le premier dimanche de l’Avent et retirée entre le 6 janvier et le 2 février.
Les différents types de crèches de Noël
Depuis le Moyen-Âge, différents types de crèches de Noël se sont développées :
- la crèche napolitaine : la plus baroque et majestueuse. Les figurines sont de grande taille et richement colorées. La cathédrale de Strasbourg expose la sienne pendant le temps de Noël.
- la crèche génoise : cette composition baroque contient des personnages en bois.
- la crèche provençale : plus rustique que ses consœurs italiennes, elle s’inspire de la vie locale. Elle comprend des santons (« petits saints » en provençal). La crèche 2016 de Notre-Dame de Paris était une crèche provençale.
- la crèche comtoise : née à la fin du 18e siècle, cette crèche vivante inclut les personnages de la Sainte Famille ainsi que ceux issus de la société franc-comtoise.
- la crèche animée ou à automates.
- la crèche contemporaine : à l’image de celle exposée dans l’église de La Madeleine à Paris.
- la crèche de Cracovie (Szopki Krakowskie) : très colorée, sa structure reprend les formes architecturales de monuments de Cracovie en Pologne (les tours de l’église Mariacki, la tour de la cathédrale du Wawel, les voûtes de la Halle aux Draps). Un superbe exemplaire de cette crèche fut exposée dans la cathédrale Notre-Dame de Paris à Noël 2015.
Les personnages de la crèche de Noël
Les personnages sont disposés dans une structure en forme d’étable ou de grotte. Dans l’étable, signe de dénuement, il est courant de déposer de la paille qui rappelle l’éphémère de la vie. Dans certaines familles, on la décore de neige (même si c’est anachronique !)
En fonction de son type (napolitaine, provençale, comtoise, polonaise…), la crèche de Noël fait intervenir des personnages variés, et qui s’inspirent souvent de la vie locale. Généralement, on retrouve au casting les personnages suivants :
La Sainte Famille
La Sainte Famille est un terme de la liturgie catholique (il n’apparait pas dans la Bible). Il inclut l’enfant Jésus, sa mère Marie et son père adoptif Joseph.
L’enfant Jésus
Dans la crèche, l’enfant Jésus apparait couché dans une mangeoire remplie de paille. Celle-ci est vide jusqu’à minuit le soir de Noël où l’on y place la figurine du bébé.
Marie
Marie est souvent représentée à genoux devant la mangeoire. Traditionnellement, elle porte une robe bleue et un foulard blanc.
Joseph
Joseph se tient debout, un peu en retrait, de l’autre côté de la mangeoire. Le père adoptif de Jésus tient un bâton et porte la barbe.
Le bœuf et l’âne gris
Posés à l’intérieur de l’étable, les deux animaux encadrent la Sainte Famille. D’après la tradition catholique, l’âne est celui qui aurait transporté Marie de Nazareth à Bethléhem. Quant au bœuf, il aurait réchauffé le nourrisson de son souffle. Ces animaux ne sont pas mentionnés dans l’Évangile de Luc. Toutefois, ils le sont dans le livre d’Ésaïe : « Un boeuf connaît son propriétaire et un âne la mangeoire chez son maître : Israël ne connaît pas, mon peuple ne comprend pas » (Ésaïe, 1:3). Les deux animaux sont les sujets du plus vieux chant de Noël français datant du début 16e siècle : Entre le bœuf et l’âne gris.
Les bergers
En qualité des premiers témoins de la Nativité, les bergers viennent à l’étable adorer Jésus. Ce sont les pauvres qui sont avertis par les anges de la naissance de Jésus et non les riches et les puissants.
Moutons et agneaux accompagnent les bergers. Parfois les figurines représentent un berger portant un agneau autour de son cou.
Les anges
Vêtus de blanc, les anges proclament la naissance de Jésus aux bergers. Certains sont représentés avec leurs ailes repliées ou dépliées, d’autres sonnant de la trompette…
Les rois mages
Les trois rois mages sont traditionnellement placés dans la crèche le 6 janvier, jour de l’Épiphanie. Gaspard, Melchior et Balthazar apportent l’or, l’encens et la myrrhe à l’Enfant Jésus. Ces tout-premiers cadeaux de Noël symbolisent dans l’ordre la royauté, la divinité et l’humanité. Les rois mages sont guidés par l’étoile du berger.
L’Étoile du Berger
Même s’il ne s’agit pas d’une figurine au sens propre, le placement de l’étoile du berger a une grande symbolique. C’est elle qui guide les rois mages vers l’étable. Elle peut également symboliser la présence de l’Esprit-Saint dans la crèche.
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