En apercevant sa silhouette de loin, nous étions déjà terrifiés ! Petit, je me souviens de la venue du sinistre Père Fouettard. Heureusement pour les enfants sages, le bon Saint-Nicolas n’était jamais très loin. Le Père Fouettard est un personnage légendaire qui fait partie de la folklore de Noël en France et dans d’autres régions francophones. Il est souvent présenté comme le compagnon ou le pendant maléfique de Saint Nicolas, le saint patron des enfants. Alors que Saint Nicolas récompense les enfants sages en leur apportant des cadeaux, le Père Fouettard, lui, est chargé de punir les enfants désobéissants ou méchants. Voici une petite présentation du croque-mitaine des cauchemars de notre enfance…
Qui est le Père Fouettard ?
- Saint-Nicolas récompense les enfants qui ont été sages pendant l’année écoulée.
- Le Père Fouettard punit les vilains garnements.
C’est aussi simple que ça. La présence du bien et du mal agissant dans un même lieu.
Remarquez, il n’y a que le Père Noël qui n’ait pas de compagnon maléfique. Aux Etats-Unis, le Santa Claus s’est vu déposséder de cette sinistre assistance au 19e siècle. Cela aurait été contreproductif pour des raisons marketing.
Les visites du Père Fouettard en Lorraine
Le Père Fouettard fait son apparition dans les villes et villages de Lorraine aux côtés de Saint-Nicolas le 6 décembre. C’est le moment de la tournée du saint homme. Il s’agit de distribuer aux enfants sages des friandises et des cadeaux.
Son entrée dans les écoles ou dans les maisons a terrorisé des générations de petits Lorrains. Imaginez la scène : le Père Fouettard avait pour mission de distribuer des coups de martinet (ou de fouet) aux enfants désobéissants ou paresseux. Les plus récalcitrants et ceux qui ne voulaient pas réciter leurs prières risquaient même d’être emportés par l’effroyable barbu dans son grand sac ou sa hotte.
Le terrifiant personnage est chargé d’intimider les enfants en les menaçant de punitions s’ils ne se comportent pas correctement.
Marie-Christine se souvient du passage du Père Fouettard à Nancy dans les années 1960 : « Il tenait un fouet, dont on nous disait qu’il l’utilisait sur les enfants méchants. À mon grand soulagement, je n’ai personnellement jamais vu le Père Fouettard le faire. Mais je peux vous dire que nous nous comportions comme des enfants de chœur en sa présence ! Nous avons essayé de ne pas accorder trop d’attention à ses ricanements. Il fallait contenir notre peur ! Heureusement pour nous, Saint Nicolas était là« .
Dans certaines régions, il pouvait se montrer « généreux ». Il offrait aux vilains garnements du charbon, des oignons, des piments, des betteraves… bref, tout ce que les enfants détestent. S’il avait voulu me punir, il m’aurait offert des salsifies, des endives et des choux de Bruxelles !
Un amateur de bruit
Loin d’être discret, le terrifiant personnage aime le bruit ! Son entrée en scène lors du cortège de Saint-Nicolas ne passe donc pas inaperçue : bruits de chaînes, de fouet qui claque, de grelots, de bottes ou de sabots raclant le sol… les spectateurs les plus téméraires osent parfois élever la voix pour le huer à son passage.
D’où vient-il ?
Il existe deux légendes qui prétendent expliquer l’origine du Père Fouettard en Lorraine.
- Les trois petits glaneurs. Il s’agit de ces trois petits enfants qui, égarés dans la forêt, ont trouvé l’hospitalité dans la maison d’un méchant boucher. Une fois endormis, ce dernier les découpa en petits cubes et hop ! dans la saloir. Des années plus tard, Saint-Nicolas rendit visite au boucher et lui fit avouer cet acte ignoble. Depuis, le boucher est tenu d’assister Saint-Nicolas dans ses tournées et est devenu le croque-mitaine que l’on connait.
- L’effigie de Charles Quint à Metz. La cité lorraine revendique la naissance du Père Fouettard par un fait historique datant de 1552. En cette année, Charles Quint en personne assiège Metz. Pour se moquer de l’empereur, la corporation des tanneurs eut l’idée de concevoir une effigie grotesque de l’empereur muni d’un fouet. A la libération de Metz l’année suivante, on ressortit le mannequin à l’occasion de la fête de Saint-Nicolas. La population messine adopta aisément ce « tanneur de fesses » ridicule qui accompagnait le saint homme.
Aujourd’hui, le triste personnage ne fait guère peur aux enfants qui sont bien plus inspirés dans leurs cauchemars en regardant la télévision ou le dernier Disney ! Quoique…
À quoi ressemble-t-il ?
Le Père Fouettard est généralement décrit comme un homme sombre et sinistre, vêtu de haillons et portant un fouet ou une verge.
Dans la tradition lorraine, le Père Fouettard présente plusieurs caractéristiques. Le moins qu’on puisse dire, il s’agit d’un personnage sale, repoussant et associable :
- Il est revêtu d’un grand manteau noir et chausse des sabots ou de grosses bottes noires faisant beaucoup de bruit en marchant.
- Son visage grimé de noir se distingue sous une longue barbe grise, des cheveux hirsutes et une capuche.
- Il tient dans sa main une arme menaçante pour les enfants : martinet, branchages ou fouet, c’est au choix !
Où rencontre-t-on le Père Fouettard ?
C’est en Lorraine que vous aurez le plus de chance (ou de malchance, c’est selon !) de le rencontrer. Si vous êtes en présence de Saint-Nicolas, alors le triste sire se trouvera dans les parages. Gare à vous !
L’origine du personnage du Père Fouettard est complexe et comporte des éléments de différentes traditions et légendes. Il est parfois considéré comme une adaptation française du personnage du Krampus, une créature démoniaque présente dans les traditions de Noël en Europe centrale, en particulier en Allemagne et en Autriche. Le Père Fouettard incarne donc le côté sombre de la période de Noël, rappelant aux enfants l’importance d’être sages et obéissants pour mériter les cadeaux de Saint Nicolas.
Ainsi, le vilain personnage à l’apparence de croque-mitaine porte des noms différents selon les peuplades de l’Europe germanique. Ses attributs peuvent diverger quelque peu :
- Père Fouettard donc en Lorraine
- Hans Trapp en Alsace
- Rubelz ou Rupp Knecht en Lorraine germanophone
- Père La Pouque en Normandie
- Zwarte Piet aux Pays-Bas
- Knecht Ruprecht en Allemagne
- Pelznickel dans le Rhin moyen allemand entre Bingen et Bonn
- Krampus en Bavière et Autriche avec l’apparence d’un être « mi-chèvre, mi-diable ».
Découvrez le Père Fouettard alsacien : le terrifiant HANS TRAPP !
5 choses à savoir sur le Père Fouettard
Comme on l’a vu, l’origine et l’histoire du Père Fouettard sont riches en diverses influences et légendes. Pour résumé, voici 5 choses importantes à savoir sur l’histoire et l’évolution de la Terreur des enfants :
1. Lien avec Saint Nicolas
Le Père Fouettard est traditionnellement associé à Saint Nicolas, le saint patron des enfants, célèbre en France et dans d’autres régions européennes. Dans les récits de la Saint Nicolas, le Père Fouettard est souvent présenté comme le compagnon sombre du saint, qui l’accompagne lors de ses visites aux enfants. Saint Nicolas récompense les enfants sages en leur apportant des cadeaux, tandis que le Père Fouettard est chargé de punir les enfants désobéissants.
2. Lien avec le Krampus
L’une des influences probables du Père Fouettard est le Krampus, une créature démoniaque présente dans les traditions de Noël en Europe centrale, en particulier en Allemagne et en Autriche. Le Krampus est généralement représenté comme un démon cornu muni de griffes, de fourches et de chaînes, et il punit les enfants méchants ou désobéissants à Noël. Le Père Fouettard partage certaines similitudes avec le Krampus, notamment dans son rôle de punisseur.
3. Évolution du personnage
Au fil des siècles, le Père Fouettard a évolué et varié dans sa représentation. Dans certaines régions, il est décrit comme un homme vêtu de haillons, portant un fouet ou une verge, tandis que dans d’autres, il peut avoir un aspect plus sinistre avec un masque ou des cornes. Sa fonction principale reste cependant la même : effrayer les enfants pour les inciter à se comporter bien.
4. Symbolisme
Le Père Fouettard représente le côté sombre de la période de Noël. Il sert de rappel aux enfants que la saison des fêtes est aussi le moment de la réflexion sur leur comportement tout au long de l’année. En menaçant de punitions ou de charbons, il encourage les enfants à être sages et respectueux.
5. Adaptations contemporaines
De nos jours, la représentation du Père Fouettard peut varier d’une région à l’autre et d’une famille à l’autre. Certains le décrivent de manière moins effrayante, voire comique, tandis que d’autres maintiennent la tradition de le présenter comme une figure sinistre. Certains enfants sont encore avertis que le Père Fouettard pourrait les punir s’ils ne se comportent pas correctement.
En résumé, le Père Fouettard est un personnage complexe dont l’origine est liée à des traditions et des légendes diverses, avec des racines dans la culture de Noël européenne. Il incarne le côté disciplinaire de la saison des fêtes, rappelant aux enfants l’importance d’être sages et respectueux pour mériter les récompenses de Noël.
Pour en savoir plus sur ce méchant personnage, lisez cet article sur Momes.parents.fr
Vous avez rencontré le Père Fouettard ? Faites-nous en part en laissant un petit commentaire !
Image mise en avant : © M. Laurent – CRT Lorraine
Merci Pierre, encore un article documenté sur notre Grande région, toujours instructif même quand on en est comme moi natif et habitant de toujours !
Concernant ce triste sire, je crois avoir déjà lu qu’il pourrait être aussi une résurgence de la mythologie scandinave, à savoir qu’Odin et ses deux corbeaux noirs seraient devenus respectivement Saint-Nicolas et ledit père Fouettard…
On parlerait même du culte de Moloch dans la Bible hébraïque, lié à des sacrifices d’enfants par le feu ?
Encore une lecture intéressante en tout cas !
Merci beaucoup Jacques pour ces informations qui, je l’avoue, font froid dans le dos ! 🙂
Décidément, mieux vaut ne pas s’en approcher…
Bon dimanche !
Je prends plaisir à lire votre chronique hebdomadaire chaque dimanche… D’autant que le confinement persiste au Québec tout comme chez vous . Je parcours ainsi cette belle Alsace/Lorraine via les mots de « »maître Pierre » » . Bon dimanche🙋🌸
Merci beaucoup Louise, c’est trop d’honneur ! 🤗
Merci Pierre pour cette histoire de père fouettard. Toujours très intéressant. Je me suis marré en lisant le mail car mon épouse s’appelle Marie-Christine.
Bon dimanche
Avec plaisir Roland ! 🙂
Bonjour Pierre,
Alsacien de naissance, et de coeur, j’y ai vécu jusqu’à l’âge de 20 ans, dans un village niché au pied des Vosges, aujourd’hui je vis en Normandie.
Pour le Hans Trapp j’ai un souvenir très présent, tous les soirs, été comme hiver, j’allais seul dans une ferme à 19h00 chercher 2 litres de lait dans un petit bidon à lait. Je me souviens très bien des soirées du 06 décembre, où j’allais très prudemment en écoutant les moindres bruits dans le village, en me cachant dans les endroits sombres, car il me fallait traverser la route. Un soir en passant devant la maison d’un copain, pas très obéissant il faut le dire, et ben, j’en suit sûr Hans Trapp était chez lui, je l’ai entendu le rouspéter, et j’ai même entendu claquer son fouet. Je me souviens de la course folle de ce soir.(j’ai tout entendu, et aujourd’hui à plus de 62 ans je m’en souviens encore). Depuis ce soir, j’en suis persuadé il existe et je n’en démordrais pas …
Merci beaucoup Jacky pour ce témoignage !! Je crois qu’il va falloir bien se tenir ce 6 décembre prochain 🙂