Si la place Stanislas porte l’image de Nancy dans le monde, ceci ne doit pas faire oublier la ravissante Place de la Carrière. Classée elle aussi au patrimoine mondiale de l’Unesco, la place est située de l’autre côté de l’arc de triomphe Héré. Elle poursuit la perspective qui commence à l’hôtel de ville jusqu’au majestueux palais du Gouvernement. Un joli endroit dans lequel j’aime flâner entre vieille-ville et place Stanislas.
La place de la Carrière : une place de style classique
La longue place fait partie de l’ensemble architectural du 18e siècle voulu par Stanislas Leszczyński, roi déchu de Pologne et beau-père du roi de France, Louis XV. La Place de la Carrière, ainsi que ses voisines, la Place Stanislas et la Place d’Alliance ont toutes été classées au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1983.
Du Moyen-Age au 18e siècle
Apparue au milieu du 16e siècle, la Carrière était l’endroit où se donnaient des joutes, des tournois et autres jeux équestres.
On appelle ainsi « carrière » un espace délimité, rectangulaire, sablé, en plein air, où les cavaliers travaillent et entraînent les chevaux.
La place apparaît pour la première fois dans les gravures de Jacques Callot (1592–1635), célèbre dessinateur et graveur né à Nancy.
La place fut entièrement remodelée par l’architecte Héré au 18e siècle, sous le règne de Stanislas Leszczynski. Le dernier duc de Lorraine eut l’idée de réunir la Ville-Vieille à la Ville-Neuve en créant une admirable perspective. Celle-ci relie l’Hôtel de Ville sur la place Stanislas à l’Hôtel de l’Intendance, actuel palais du Gouvernement. Pour remodeler la Carrière, Stanislas dépensa lui-même la somme de 1 833 000 livres de France.
L’Arc Héré
La place de la Carrière fut raccordée à la place Stanislas par un majestueux Arc de Triomphe (ou Arc Héré, du nom de l’architecte). Construit au milieu du 18e siècle, en même temps que la place royale, l’arc honore le roi de France, Louis XV. Ce monument permettait également de dissimuler les deux bastions de Vaudémont et d’Haussonville qui séparaient les deux places.
L’hôtel Beauvau-Craon
A l’angle sud-est de la place (nº2), l’Hôtel de Beauvau-Craon est l’œuvre de Germain Boffrand (1667-1754). Observez les balcons : ils sont soutenus par des têtes d’indiens couronnées de plumes. Maintenant, prenez du recul pour admirer la façade de l’hôtel particulier. Ne lui trouvez-vous pas une certaine ressemblance avec les pavillons de la place Stanislas ? C’est tout à fait normal. En fait, Héré, l’architecte de la place royale, s’inspira pour ses façades de ce bâtiment édifié par son maître, Boffrand.
Cette demeure de la famille de Beauvau-Craon est la seule qui ait été épargnée par le remodelage mené par Héré au milieu du 18e siècle. Elle date de 1713 et fut édifiée pour lieu de résidence à Marc de Beauvau-Craon, mari de la favourite du duc de Lorraine.
Aujourd’hui, l’hôtel particulier abrite la Cour d’Appel pour les départements de la Meurthe-et-Moselle, la Meuse et les Vosges.
L’ancienne Bourse des Marchands
En face (nº5), l’architecte (angle sud-ouest) Héré construisit en 1752-1753 une réplique de l’hôtel de Beauvau-Craon. Il s’agit de la Bourse des marchands. Les ferronneries des balcons sont l’œuvre du serrurier Jean Lamour. On y voit l’inscription L.A.B.O.U.R.S.E et la fine silhouette de Saint Michel, une balance à la main (symbole de la droiture). L’hôtel particulier a remplacé un pâté de maisons, dont celle où mourut Jacques Callot.
L’hôtel particulier abrite actuellement le tribunal administratif de Nancy.
La double file des façades de la Carrière
A partir de ces deux hôtels, la place est bordée de chaque côté par une file de façades sobres, de style 18e siècle. Il s’agissait autrefois d’hôtels particuliers Renaissance qui étaient habités par l’aristocratie et la noblesse locale. L’architecte Héré unifia la double file ds façades en style classique.
Cette file prend fin aux deux pavillons qui se raccordent au palais du Gouvernement par la colonnade de l’Hémicycle : l’hôtel de Morvilliers et son pendant, le Pavillon Héré.
Le terre-plein central de la Place de la Carrière
La place de la Carrière a une longueur de 290 m et une largeur de 50 m. Chaque côté du terre-plein central est bordé d’une double rangée de tilleuls. Ceux-ci furent plantés bien plus tard car Stanislas avait souhaité d’y placer des orangers en caisse, à la mode au 18e siècle. L’alignement des tilleuls contribue au charme romantique de la Carrière.
Un mur bas encadre la partie centrale de la place dans toute sa longueur.
Des vases et figures allégoriques sont disposés à interval régulier.
De gracieuses petites fontaines aux coins de la place
Aux quatre coins se trouvent des fontaines surmontées de gracieuses sculptures de putti et d’animaux par Mesny et Lépy.
Les grilles de Jean Lamour
A l’origine, la place était gardée par des statues de gladiateurs et de sphinx. Elles ont depuis été remplacées par les magnifiques grilles rehaussées d’or de Jean Lamour. Avec leurs potences d’où pendent des lanternes et surmontées de vases de fleurs, elles sont de même style que celles de la place Stanislas voisine.
Le Palais du Gouvernement et la place de l’Hémicycle
Le majestueux palais du Gouvernement de Nancy ferme la grande perspective qui mène à l’Hôtel de Ville place Stanislas via l’arc de triomphe. Cet édifice néo-classique a été bâti dans les années 1750 par Stanislas, le dernier duc de Lorraine. Il accueillait alors l’Intendant, le représentant de l’autorité royale française.
Pour en savoir plus, lisez mon article dédié au palais du Gouvernement et à l’Hémicycle de la Carrière.
La secrète rue des écuries
Approchez de l’hôtel de Morvilliers et vous trouverez dans une ouverture de la colonnade l’entrée de la rue des écuries.
La petite rue étroite a été créée en 1571 entre les nouveaux remparts de la ville et les demeures de 1560 bordant la place de la Carrière. Le site était conçu comme écurie pour accueillir les chevaux du duc de Lorraine.
La rue des écuries est restée jusqu’à nos jours très pittoresque… malgré le fait qu’elle dessert aujourd’hui nombre de garages et de remises.
Vous vous retrouverez dans un autre monde en admirant le jeu des passerelles traversant la rue au-dessus de vos têtes ! Elles permettent aux résidants de rejoindre de petits jardins privés.
Les événements sur la Place de la Carrière
Toute l’année, la place de la Carrière accueille divers événements (festivals, rassemblements, marchés). Une petite sélection :
Le Livre sur la Place
En septembre, la Carrière accueille le premier grand Salon national de la rentrée littéraire. L’événement rassemble 600 auteurs et attire 120 000 visiteurs.
Les célébrations de la Saint-Nicolas et Noël
Pendant les célébrations de la Saint-Nicolas, une brocante est organisée sur la place ainsi qu’une soupe géante : la soupe à la marmaille !
Depuis quelques années, une grande roue trône devant l’arc de triomphe. Elle offre à ses visiteurs une vue imprenable et unique sur l’ensemble architectural du 18e siècle et les toits de la ville.
La place de la Carrière by night
La nuit tombée, la place est sublimée par un éclairage mettant en valeur l’arc de triomphe d’un côté, et le palais du Gouvernement de l’autre.
Et quand tombe la neige, c’est une atmosphère toute féérique qui s’empare des lieux !
Pour en savoir plus
Quelques sites sur la place de la Carrière :
- le site de Nancy Tourisme
- wikipedia
- le site de l’Unesco
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