Il est dressé à l’intérieur de nos maisons à l’approche de Noël. Il tient une place d’honneur dans les marchés de Noël de nos villes. Le sapin de Noël décoré d’ornements et de guirlandes lumineuses est certainement LE symbole de Noël. Celui fêté depuis notre tendre enfance. Depuis plusieurs années, je recherche les réponses à la question ‘d’où vient le sapin de Noël’… et ce que j’ai découvert m’a vraiment surpris.
[adrotate banner= »3″]
Le sapin de Noël est né en Alsace !
Le sapin de Noël serait apparu pour la première fois en Alsace, au 16e siècle. L’histoire raconte qu’à Sélestat, les bois devaient être protégés par la ville contre les dommages causés par ses habitants. Ceux-ci, souhaitant décorer leur arbre de Noël, se servaient tout simplement dans la forêt ! Hache en main, ils y allaient gaiement, trois jours avant Noël, à la Saint-Thomas (fête liturgique qui avait lieu le 21 décembre).
Les Sélestadiens ne se contentaient plus de décorer quelques branches : il leur fallait l’arbre entier. Tant et si bien qu’il ne devait plus rester grand chose de la belle forêt au lendemain de Noël…
1521 : la date de naissance au registre de Sélestat
Il fallait remettre de l’ordre dans tout ça et limiter la coupe aux petits arbres seulement. Ainsi, la première mention d’un sapin de Noël coupé pour servir de décoration à Noël date de 1521. Celle-ci est consignée dans les archives de la ville de Sélestat. Conservées dans la célèbre Bibliothèque humaniste, les archives contiennent une mention dudit arbre datée du 21 décembre 1521, page 239. Elle fait référence aux 4 schillings qui revenaient aux gardes forestiers. On leur demandait de faire des heures sup et de veiller sur les sapins de la forêt !
Cependant la plus ancienne mention écrite d’un arbre entier coupé pour Noël date de 1605. Elle décrit les usages de la ville Strasbourg sur la décoration de sapins dans les maisons :
« Pour Noël, il est d’usage, à Strasbourg, d’élever des sapins dans les maisons ; on y attache des roses en papier de diverses couleurs, des pommes, des hosties coloriées, du sucre, etc. ».
Petite anecdote : à l’origine, l’on ne décorait pas le sapin dressé sur le sol ou sur une table. Sa cime était pendue au plafond.
Mais pas seulement en Alsace !
J’ai retrouvé d’autres textes qui affirment que la tradition de décorer des branches de sapin était déjà répandue en Rhénanie. Mais un événement religieux a grandement stimulé la tradition du sapin de Noël dans ces régions : la Réforme. Dans les pays et villes protestantes de l’époque, on s’était débarrassé des statues. Celles de Jésus, de la Vierge, des saints et autres personnages bibliques. Naturellement, la crèche de Noël avec ses figurines passa à la trappe. Dès lors, le sapin de noël est devenu le nouveau symbole des festivités de la naissance de Jésus. Des pays rhénans, la coutume s’est ensuite progressivement répandue dans tous les Pays allemands, en Scandinavie, en Angleterre puis en France.
A noter, Riga, la capitale lettonne, revendique également l’apparition du premier arbre de Noël décoré… dès 1510 !
Que de symboles dans le sapin !
Souvenez-vous, contrairement aux arbres caduques qui perdent leur feuilles à l’automne, le sapin garde ses épines pendant l’hiver. Cet arbre poussant dans les régions tempérées de l’hémisphère nord est souvent associé à l’épicéa. Si vous regardez leurs aiguilles, vous saurez les dissocier :
- Le sapin se reconnait grâce à ses aiguilles qui sont positionnées à plat (comme un peigne à cheveux). Ses cônes sont dressés vers le haut.
- Les aiguilles de l’épicéa sont placées tout autour des branches et sont plus piquantes (comme une brosse à cheveux). Les cônes pendent vers le bas.
Pour Martin Luther (1483-1546), le conifère était le symbole d’espoir et de vie éternelle. Une jolie petite histoire raconte comment le réformateur protestant eut l’idée d’illuminer le sapin en rentrant d’une promenade sous un beau ciel étoilé.
Ses décorations ont également parlé aux protestants. Couvert de pommes rouges et de lanternes, il symbolisait la venue du Christ : « la lumière qui illumine le monde ».
Le sapin de Noël : un rite païen ?
Bien avant d’avoir été un symbole de Noël diffusé dans les pays protestants, la coutume de décorer un arbre à feuilles persistantes date d’une époque beaucoup plus ancienne. La vénérable Encyclopædia Britannica affirme que la tradition était suivie dans l’Antiquité par les Égyptiens, les Romains, les Vikings et les Chinois. On mentionne également les Gaulois qui décoraient les chênes… mais aussi Saint-Colomban, utilisant un sapin illuminé pour évangéliser les païens qui peuplaient nos contrées. Pour certains, l’aspect triangulaire de l’épicéa (une variété de conifères) représentait parfaitement la Trinité (contrairement au chêne vénéré par les druides).
La timide introduction du sapin de Noël en France
Reprenez vos vieux cours d’histoire ! Au 16e siècle, l’Alsace n’était pas encore rattachée au royaume de France. La région faisait partie du Saint-Empire romain germanique. C’est donc assez paradoxal d’affirmer que la tradition du sapin de Noël soit née en France ! Surtout lorsqu’à Paris ou en Provence, on n’en avait jamais entendu parler… Dans les provinces françaises, de majorité catholique, c’était la crèche qui tenait le haut du pavé.
L’arbre de Noël a fait sa première apparition en Île de France sous le règne de Louis XV. En 1738, Maria Leszczyńska, la reine de France d’origine polonaise, introduisit un sapin décoré à Versailles. Mais il ne semble pas que la mayonnaise ait pris. Plus tard, dans les années 1830, nouvelle tentative d’introduction en France. La belle-fille allemande du roi Louis-Philippe, la duchesse Hélène Louise de Mecklembourg-Schwerin, avait à son tour essayé d’imposer la tradition. À chaque Noël, elle faisait dresser un arbre de Noël dans le Palais des Tuileries à Paris. Mais toujours pas de coup de foudre des Français pour cette drôle de coutume ‘allemande’…
Pendant ce temps, celui-ci s’enracinait pour de bon au sein des familles protestantes et même catholiques d’Outre-Rhin. Cette mode fut particulièrement suivie et influencée par les familles de la noblesse et de la bourgeoisie.
Le sapin de Noël s’installe enfin pour de bon en France
Un événement politique devait tout changer : la guerre franco-prussienne ! Car à l’issue malheureuse de la guerre, les deux départements de l’Alsace et celui de la Moselle en Lorraine furent annexés par la Prusse. Plusieurs optants (les Alsaciens-Mosellans qui ne souhaitaient pas avoir la nationalité allemande) s’installèrent à Paris… En émigrant, ils apportèrent avec eux la tradition germanique de l’arbre. Progressivement, le sapin de Noël gagna sa place dans les salons des Français.
Même en Normandie !
Preuve de l’expansion fulgurante de la tradition de l’arbre de Noël en France, la Normandie l’avait adoptée avant la fin du 19e siècle. En 1897, Georges Dubosc écrivait dans le Journal de Rouen daté du 25 décembre :
« Devant les yeux émerveillés des tout petits, le verdoyant sapin, illuminé de mille petites lumières tremblotantes, se dresse tout chargé de jouets et de cadeaux qui, pendant des heures, mettent du bonheur dans les âmes de tout ce monde enfantin.
A ces joujoux d’un jour, on joint quelquefois une large distribution de bons vêtements chauds et de hardes neuves : tricots qui recouvrent les petits membres grelottants, mitaines qui préservent des engelures, foulards où s’enfouissent les petits nez rougis par la bise, bonnes galoches qui sonnent sur le pavé au moment des glissades. Et comme il n’est point de belles fêtes sans chanson, on chante quelques-uns de ces jolis noëls naïfs, sur des airs qui ont traversé les siècles et qui n’en sont pas moins une bonne et égayante musique ».
Dans les années 1930, il était devenu un élément à part entière des festivités de Noël dans tous les foyers français.
De nos jours, de grands sapins majestueux sont installés sur les places publiques. Illuminés, ils se dressent sur des lieux prestigieux : le parvis de Notre-Dame de Paris, la place Kléber à Strasbourg, la place Stanislas à Nancy…
Voici quelques pages web intéressantes sur l’origine du sapin de Noël :
- Noël Vert
- France Pittoresque
- et l’incontournable encyclopédie en ligne Wikipedia !
- et bien sûr nos propres pages sur le sapin de Noël :
[do_widget id=bunyad-blocks-widget-18]
Vous avez aimé cet article ? Merci de le partagez-le sur Facebook ou twitter !
On m’a envoyé ce texte : Mon beau sapin
C’est Noël… et les sapins fleurissent ! Mais vous êtes-vous déjà demandé pourquoi donc le sapin a une si bonne place à l’occasion de cette fête où l’on célèbre la naissance de Jésus ?
Le sapin de Noël serait né au Moyen-âge dans la vallée du Rhin alors que l’on présentait les « mystères » du Christ. Il s’agissait de saynètes bibliques qui étaient jouées sur les parvis des églises et des cathédrales, pendant la période de Noël. Par ces saynètes, on présentait un résumé de l’histoire du rapport entre Dieu et les hommes d’après la Bible. Ainsi, il y avait plusieurs plans, comme différents actes d’une pièce de théâtre. Cela commençait par la création et la chute, passaient par les prophètes qui annoncent la venue du Messie, par la naissance de l’enfant Jésus, et se terminaient par la mort et la résurrection du Christ. Le but de ces mystères était d’enseigner le message de l’évangile à une population qui ne savait pas lire et qui n’avait pas accès au texte biblique. Chacun voyait ainsi vivre sous ses yeux, tous les personnages bibliques concernés.Que vient faire le sapin de Noël dans tout ceci, me direz-vous ? Il fallait que cette représentation reste gravée dans les cœurs, et c’est là que le sapin intervient. En effet, il était nécessaire pour la chute d’Adam et d’Eve d’avoir un arbre de la connaissance du bien et du mal évoqué dans la Genèse.
Mais voilà, nous sommes en hiver, et le seul arbre ayant encore son « feuillage », c’est le sapin. Quand aux fruits défendus, des pommes cueillies à l’automne et qui se conservent assez bien peuvent faire l’affaire. Les acteurs jouant le rôle d’Adam et Ève venaient croquer dans une pomme, qui restait accrochée à la vue des spectateurs et qui leur rappelait le péché originel. Ces pommes sont devenues les boules multicolores que l’on accroche dans le sapin de Noël. D’ailleurs, n’avez-vous jamais remarqué qu’il y en a toujours une qui est évidée ? Elle porte encore, de nos jours, la marque des dents d’Adam et d’Ève. Ainsi L’homme et la femme étaient devenus pécheurs, ils furent chassés d’Eden pour vivre dans un monde de souffrances et de ténèbres dominé par Satan. Mais, Dieu dans son amour n’abandonna pas l’homme dans sa situation de péché. Il promit de lui envoyer un Sauveur. Et ce fut le rôle des prophètes de rappeler la promesse de Dieu. Les paroles des prophètes furent donc comme de bonnes nouvelles, comme des rayons de lumière envoyés par Dieu afin d’éclairer les hommes. Pour illustrer la parole des prophètes et le rameau fleuri évoqué par le prophète Esaïe, on accrochait dans l’arbre des roses de papier. Ces fleurs de papier avec le temps se sont transformées en fines bandes de papier. Elles sont devenues nos guirlandes chatoyantes dans la lumière.
Puis, le temps arriva où la promesse se réalisa. C’est le temps de la naissance du fils de Dieu dans l’humble étable de Bethléem. C’est l’évangile de Matthieu (1.21-23) qui rapporte la parole que l’ange adresse à Joseph à propos de Marie : « Elle enfantera un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus ; c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés. Tout cela arriva afin que s’accomplisse ce que le Seigneur avait annoncé par le prophète : Voici, la vierge sera enceinte, elle enfantera un fils, et on lui donnera le nom d’Emmanuel, ce qui signifie Dieu avec nous ».
Quant à l’évangéliste Jean, il affirme que Jésus était la lumière de Dieu venue parmi les hommes : « Cette lumière était la véritable lumière, qui, en venant dans le monde, éclaire tout homme. » (Jean 1 : 9). Ainsi Christ, la lumière du monde, vient chasser l’ombre de la nuit. Il est le salut du monde. Pour llustrer la lumière qui chasse les ténèbres, on accrochait dans les branches du sapin des bougies allumées.
Ainsi le sapin se trouvait transformé et brillant de lumière éclairant la scène et les spectateurs. Nous retrouvons ces bougies aujourd’hui sous la forme des guirlandes clignotantes multicolores.Après la naissance de Jésus, il y a aussi la venue des mages, événement raconté par Matthieu (2.1-12). Les mages étaient guidés par une étoile qui brillait dans le ciel.
Une étoile était alors accrochée au sommet du sapin. Aujourd’hui, elle est toujours là au sommet du sapin de Noël, pour nous rappeler l’adoration de ces hommes étrangers venus d’orient qui avaient reconnus en Jésus quelqu’un de pas comme les autres. Il ne restait alors plus qu’à présenter la mort et la résurrection du Christ. On accrochait dans le sapin des hosties qui représentaient le don de Dieu pour les hommes.
Par la suite, certainement parce qu’on a eu tendance à oublier le sens originel du sapin de Noël, les hosties furent remplacées par des «bredele», puis par des gâteaux de Noël, non plus sur le sapin, mais au pied de celui-ci, et finalement par des cadeaux à offrir. C’est ainsi que le sapin de Noël se trouvait installé et décoré sur le parvis des églises. Lorsqu’on passait devant, chacun pouvait se rappeler grâce aux différents éléments décorant cet arbre, cette saynète que l’on avait vu jouer et du même coup, ce que certains appellent : le plan du salut.
Vers le 17ème siècle, ce sont les Alsaciens qui, lassés de contempler le sapin sur le parvis de l’église et au froid, l’ont introduit d’abord à l’intérieur des églises, puis dans leurs maisons comme sapin de Noël. Et la coutume s’est répandue à travers le monde.
Voilà, c’est Noël… et les sapins fleurissent ! Et si, la prochaine fois que vous croisez un sapin, vous preniez quelques minutes pour vous laisser interpeller par le message de cet arbre décoré. Un message en forme de cadeau. Non pas ces cadeaux que le soi-disant Père Noël aura déposé au pied du sapin et qui viendront égayer la famille et réjouir les enfants que nous sommes tous encore un peu. Mais le cadeau de Dieu pour vous et moi : Jésus, qui est né pour incarner des valeurs qui peuvent encore aujourd’hui donner du sens à la vie.
Et oui, le sapin est là pour nous rappeler que Noël, c’est d’abord la célébration de la naissance de Jésus qui cherche une place dans l’humble étable qu’est notre cœur. Lui laissera-t-on une petite place en ce temps de Noël ?
Gabriel
Merci pour ce partage qui montre la vraie signification de Noël ! 🙂
Bonjour. Article intéressant. Mais je dois préciser, pour la vérité, que le fameux livres de comptes de la ville de Sélestat n’est pas conservé à la Bibliothèque Humaniste comme vous le précisez, et qui n’en possède qu’un fac-similé, mais se trouve aux Archives municipales de la ville.
Aux archives, on ne trouve pas moins que 6 mentions du sapin de Noël « décoré », dont la chronique de l’échanson Balthasar BECK, échanson à la Herrenstübe, premier texte évoquant la décoration. Ci-après un extrait d’un de mes articles à ce sujet :
Un témoin de premier plan.
Balthazar BECK (1580-1641).
Pour des raisons ignorées Balthazar, né à Heroldingen (Bavière), arrive à 17 ans chez son oncle Leonhart Hassenmeyer et son épouse Appolonie qui tiennent alors l’auberge Au Bouc à Sélestat, l’adoptent et veulent l’envoyer en France pour apprendre la langue.
Mais il n’alla pas plus loin que Ribeauvillé où il travaille à l’auberge de La Fleur tenue par Jean Eberhard de la Noël 1599 jusqu’à la Saint-Jean de 1600. Retour à Sélestat, il obtient le poste d’échanson (maître d’hôtel) à la Herrenstübe qu’il gardera jusqu’en 1609.
Cette année-là, il épouse Ursule Reichart, achète une maison et le droit de bourgeoisie, devient Unterkäufer (acheteur) à la douane et ensuite receveur de l’Hôpital des Pauvres jusqu’à sa mort.
Il eut 5 enfants avec Ursule et encore 4 de deux autres unions.
Il laissera à la postérité une très intéressante chronique en allemand conservée aux Archives de la ville, sorte d’éphéméride où il nous parle de cette période troublée par les procès de sorcellerie, les débuts de la Guerre de Trente Ans, l’occupation Suédoise et l’entrée des troupes françaises en 1634, et nous détaille les divers menus de banquets officiels auxquels il a assisté ou participé.
C’est dans ce document qu’il nous livre la mention plus importante concernant la décoration du sapin de Noël. Témoin de premier plan, comme maître d’hôtel du Magistrat, il décrit comment il était alors décoré en 1600. Voici le texte :
« Comment on dresse les mais (sapins) – De même le soir de Noël les gardes forestiers apportent les mais. La nuit les messagers, les courriers et les sergents aident l’échanson à le dresser et à le décorer avec des pommes et des hosties. Ce que l’échanson dépense pour l’achat de pommes et autres, on le lui rembourse à la douane. Le cuisinier lui donnera une bouteille de vin, six livres de pain et des lumières. Jusqu’au début de la messe, ils se rendent aux domiciles des membres du Magistrat munis de lampes à poix et de torches et ils les accompagnent pour l’aller et le retour de la messe. »
Un sapin, dressé et décoré, restera dans la salle de la Herrenstübe jusqu’à la fête de l’Épiphanie où est consommée une galette contenant une fève servant à désigner le roi de la fête. Après cela les enfants des magistrats, des conseillers de la ville et des employés sont convoqués pour secouer les arbres de Noël et les dépouiller de leurs décorations et gourmandises.
C’est le premier texte où la décoration du sapin est ainsi évoquée.
Jean-Pierre BERNARD – Sélestat – Correspondant de presse DNA.
Merci beaucoup Jean-Pierre pour toutes ces informations précieuses – et aussi pour avoir pris le temps de nous les écrire ! Je modifierai mon article bientôt grâce à ces précisions. En vous souhaitant une belle semaine !