C’est le matin de Noël. Impatients comme jamais, les enfants ne tiennent plus au lit… à toute allure, ils dévalent les escaliers pour rejoindre le salon où se dresse le sapin de Noël. Et tant pis si les parents dorment toujours, ce matin, c’est le moment de découvrir les cadeaux que le Père Noël a placé au pied du sapin. « S’il te plaît Papa Noël, pas de vêtement ou de produits de première nécessité, je veux des jouets, un point c’est tout ! » L’enfant a dit « jouet » ? Bien sûr, car il est aujourd’hui acquis (et normal) que Noël est la fête de l’enfant. Les jouets de Noël sont attendus, souhaités, exigés voire même choisis bien avant le 25 décembre. Imagine-t-on un instant des parents refuser à leurs enfants ce qui est aujourd’hui dû ?
Mais d’où nous vient cette tradition d’offrir des jouets de Noël à nos chères têtes blondes ?
S’agit-il d’une tradition ancestrale suivie par chaque famille en France ?
Depuis combien de temps le Père Noël saute-t-il de cheminée en cheminée pour distribuer les jeux et jouets de Noël ?
J’ai fait mes recherches et il y a de quoi vous étonner ! S’il existe un lien indéniable entre les enfants et Noël, il n’en a pas toujours été ainsi.
Dans cet article, nous allons remonter le temps pour en savoir plus sur l’évolution de nos traditions et coutumes de Noël en France… Mais avant tout, place aux fameux jouets avec 10 idées de cadeaux de Noël !
Les jouets de Noël aujourd’hui
Les jouets de Noël que les enfants ajoutent à leur liste de cadeaux évoluent d’une année sur l’autre. Mais ils n’altèrent en rien l’enthousiasme de nos chers bambins.
Il suffit de jeter un coup d’œil aux jouets plébiscités par les enfants en 2021 pour s’en rendre compte. Oui, ces fameux jouets de Noël pour lesquels parents et enfants se sont battus bec et ongles pour les ramener à la maison !
En 2021, la tendance des 5 jouets de Noël qui ont la cote des enfants est la suivante :
Le Dragon d’acier de Lloyd – Ninjago – LEGO
Recommandé pour des enfants à partir de 8 ans et jusqu’à 14 – 16 ans, ce jouet de construction Lego Ninjago permettra de réaliser une fidèle reconstitution du très célèbre Dragon d’acier de LLoyd ! En savoir plus…
Pack Oeufs Hatchimals 10 oeufs surprise à collectionner
Un méga œuf Hatchimals à faire éclore pour découvrir un maximum de surprises !
Le coffret surprise géant inclut : 10 figurines Hatchimals à collectionner, 1 Hatchimals Pixie et plus de 20 accessoires : 10 couronnes, 6 accessoires pour ta Hatchimals Pixie, du brillant à lèvres, des autocollants, 3 jetons pour l’application Hatchtopia Life… à partir de 5 ans. En savoir plus…
Set de Combat – Beyblade Burst
Une arène de combat BeyBlade ultra complète qui se compose d’une arène, de deux toupies et de deux lanceurs. Recommandé à partir de 6 – 8 ans. En savoir plus…
Boîte de jeu Bunchems
Avec Bunchems, on peut tout créer, il suffit de les presser les uns contre les autres ! Ils adhèrent sans colle, eau ou chaleur et on peut recommencer à l’infini. Plus de 400 Bunchems dont 360 avec « effet cristal ». A partir de 4 ans. En savoir plus…
Circuit de voiture lumineux et flexible Magic Tracks
Un jouet de Noël qui connaît un succès impressionnant en France et dans le monde entier ! Cette nouvelle génération de circuit lumineux pour petite voiture a une longueur de 3,15 m et inclut 1 voiture 4×4 lumineuse Rouge avec 3 LEDs. En savoir plus…
Les Playmobil® de Noël
Retrouvez l’univers des Playmobil® de Noël dans mon nouvel article avec plein d’idées de cadeaux pour nos enfants !
Les jouets de noël traditionnels
On associe volontiers le côté traditionnel des jouets de Noël aux articles artisanaux et en bois.
Les jouets en bois : origine et histoire
Les tous premiers jouets en bois de l’histoire remontent à une époque fort ancienne. Les archéologues en ont retrouvés en Egypte qui datent d’environ 3000 ans avant Jésus-Christ.
Mais bien entendu, il ne s’agissait pas de jouets en bois de Noël !
L’apparition du mot “jouet” dans la langue française remonte au 13e siècle. Il dérive de “petit jeu”.
Au Moyen Âge, il existait des fabricants de jouets en bois dont les productions étaient vendues par les commerçants sur les foires et les marchés de la Saint-Nicolas, dont celui de Nuremberg en Allemagne.
Au 17e siècle est mentionné le premier cheval à bascule. Sa production grand public date des années 1840.
En 1790, le cartographe John Spilsbury inventa le premier puzzle en bois. Il s’agissait d’une carte qui permettait d’aider les enfants à mémoriser la géographie européenne.
Les jouets en bois plébiscités aujourd’hui
Aujourd’hui, on trouve rarement des jouets en bois dans les rayons des grandes surfaces.
Toutefois, le charme et l’attrait de ces objets d’antan ont permis à un certain nombre de fabricants de jouets en bois de rester en activité.
Ainsi, on trouve en France plusieurs marques qui continuent à produire des objets en bois pour les enfants. On peut citer Kapla avec ses célèbres planchettes qui permettent aux enfants de réaliser de nombreuses constructions, ainsi que Janod, Jouécabois ou JeuJura.
De nombreux artisans continuent de faire perdurer la tradition des jouets en bois, fabriquant jeux de quilles, jeux de petits chevaux, jeux d’échecs mais encore puzzles à assembler. La grande couverture forestière en France n’est pas étrangère à ces articles. En effet, les vastes forêts de hêtre ou de pins du Jura ou des Vosges permettent un excellent approvisionnement en bois.
Voici 5 exemples de jouets en bois disponibles sur Amazon (lien affilié) :
Kapla
La boîte de 100 planchettes en bois d’origine de Kapla. En savoir plus…
JeuJura
Le jeu de construction : Mon Chalet en Bois par JeuJura (135 pièces). En savoir plus…
Jouet d’empilement de développement coloré
Cet empileur de formes géométrique colorées par Melissa & Doug contient 25 pièces. En savoir plus…
Cheval à bascule en bois
Un cheval à bascule 100% bois par Janod aux couleurs et au design traditionnels, qui conviendra à tous les enfants dès 1 an et fera un bel objet de décoration de chambre. En savoir plus…
Lot de 100 cartes puzzle magnétiques en bois COOLJOY
Avec plus de 100 cartes puzzle (y compris les animaux, les plantes), les enfants peuvent concevoir différentes images avec les pièces magnétiques assorties. Développe la compréhension des enfants, les couleurs, les formes et les motifs, inspire la créativité et l’imagination des enfants. En savoir plus…
Pourquoi distribue-t-on des cadeaux à Noël ?
J’avais déjà effectué des recherches sur la tradition du cadeau de Noël que j’ai publié sur le blog.
J’avais révélé que le premier cadeau de Noël était celui fait par les Rois mages à l’enfant Jésus à l’Epiphanie.
Les cadeaux des Saturnales
Dans l’Antiquité, la distribution de cadeaux constituait un élément central de la fête des Saturnales (7 jours de célébrations autour du solstice d’hiver). Ainsi, à Rome, on offrait des cadeaux de branches de conifères provenant de la tombe de la déesse Strenia. Elles étaient présentées le 1er janvier à la gloire de l’empereur.
Progressivement, on remplaça les branches par des cadeaux en or ou des petits gâteaux. L’ensemble de la cérémonie étant éclairé par des bougies, allumées pour symboliser la vie éternelle.
Les Romains échangeaient aussi des cadeaux personnels, avec des poupées et des jouets spéciaux pour les enfants.
Les cadeaux de Noël du moyen-âge au début du 20e siècle
À l’époque médiévale, la distribution de cadeaux coûteux entre princes et nobles faisait partie d’un rituel particulier. Les cadeaux les plus chers étaient ainsi exposés au public.
Avant le milieu du 19e siècle, même si l’on recevait quelques cadeaux et jouets, les célébrations (principalement des festins et des beuveries !) étaient avant tout destinées aux adultes.
Puis, la coutume d’échanger des cadeaux à Noël a supplanté les étrennes de la nouvelle année vers la fin du 19e – début du 20e siècles.
Mais il existe un aspect du cadeau de Noël que je n’avais pas mentionné : la place centrale de l’enfant à Noël. Et donc la coutume de lui offrir des jeux et jouets à Noël (et pas seulement des oranges !)
Toute une histoire de perspective !
Cet article va combler ce petit coin de mystère et croyez-moi, mettre la fête de Noël en perspective.
Car après tout, qu’est-ce que Noël ?
La réponse dépend de chacun. De chaque famille. Et parfois de la contrée dans laquelle on réside.
Personnellement, Noël est avant tout une fête de célébration de Jésus-Christ et accessoirement une fête où l’on s’offre des cadeaux.
Ce qui n’empêche pas de combler notre fille de cadeaux le 25 décembre.
Mais pour notre famille, le message de la Nativité est le point central de la célébration… même s’il est peu probable que Jésus soit né un 25 décembre !
Mettre Noël et nos traditions (qui évoluent selon les années) en perspective permet de relativiser. Surtout si l’on angoisse à la pensée de préparer la fête. La folie du shopping, les embouteillages autour des grandes surfaces, l’overdose de musique pop de Noël en magasin, les dîners en famille qui s’éternisent, la gueule de bois le lendemain du Réveillon…
Noël a-t-il besoin d’être si compliqué ?
Noël avant Noël
Remontons le temps et plantons le décor : Etats-Unis – début du 19e siècle.
Dans les années 1840, Noël était ressenti comme une fête au rapide déclin.
Les écrivains américains se désolaient que l’âge d’or de Noël ait disparu pour de bon.
De nombreuses personnes âgées, qui se souvenaient des célébrations de Noël au 18e siècle étaient nostalgiques des réjouissances d’antan. On les avait remplacées depuis par une commémoration religieuse, pieuse et déprimante.
Pendant une courte période, cet esprit de Noël s’était égaré, troublé par la moralité statique de l’époque victorienne.
Jusqu’à ce qu’advienne un personnage tiré de l’imaginaire légendaire européen.
On attribua à ce personnage un rôle d’ami et de protecteur. Et surtout de distributeur de cadeaux pour les enfants. Vous l’avez reconnu : c’est le Santa Claus américain !
Quand Noël naquit dans les années 1840
La fête de Noël, telle qu’on la connaît aujourd’hui, a pris forme dans le dernier quart du 19e siècle. Sa popularité s’accroissait simultanément avec une exploitation commerciale croissante.
Oh, avouons que l’élément commercial propre à Noël a toujours existé… on pense notamment aux marchés de Noël allemands et leurs antécédents médiévaux, les marchés de la Saint-Nicolas. Mais les enjeux commerciaux préoccupaient celles et ceux qui célébraient la fête, c’est-à-dire les chrétiens. La nouveauté, c’était que les agnostiques eux-mêmes commencèrent à accepter la célébration hivernale avec autant d’entrain que les chrétiens.
A partir de ce moment, tout allait changer dans la conception de Noël.
En Europe, une évolution des politiques commerciales donna un sacré coup de pouce.
Dans les années 1840, le Royaume-Uni baissa considérablement les droits d’importation sur les aliments étrangers. Cela encouragea les magasins à stocker des sucreries et des fruits confits produits en France et en Espagne.
Les clubs de l’oie anglais
En Angleterre, les besoins des pauvres étaient comblés par les nombreux « Goose Clubs » (clubs de l’Oie).
Quid des Goose clubs ?
A l’époque victorienne, certaines familles de travailleurs n’avaient pas accès aux banques. Pour économiser en vue de leur repas de Noël, ils s’engageaient à verser une petite somme chaque semaine à un « club de l’oie ». En ces temps-là, la viande d’oie était toujours considérée comme supérieure aux autres volailles et remplaçait la dinde sur les tables de Noël.
Le Noël de la Révolution industrielle !
Ainsi, les conditions de vies des classes ouvrières d’Europe et d’Amérique s’améliorèrent. On leur versait de meilleurs salaires, notamment à ceux qui travaillaient dans l’industrie lourde et dans certains secteurs manufacturiers spécialisés.
Les apparences peuvent être trompeuses. Voyez-vous ces cartes de vœux traditionnelles qui dépeignent une diligence traversant un village pittoresque dans un paysage enneigé ?
C’était une image idéalisée car la réalité était toute autre !
Ainsi, c’est le monde plus intégré du chemin de fer qui a donné aux entreprises une plus grande portée régionale et nationale. Dans le même temps, journaux et magazines vendaient à ces entreprises des espaces publicitaires pour promouvoir leurs marchandises.
L’amélioration des communications, notamment grâce à l’extension du réseau ferroviaire à travers l’Europe, permit aux personnes travaillant dans les villes de « revenir à la maison pour Noël » à un prix plus abordable.
Revenir à la maison pour Noël
A la fin du siècle, le concept du « retour à la maison pour Noël » (Coming back home for Christmas en anglais) devint une réalité. Non seulement pour les plus riches, mais aussi pour les classes ouvrières et moyennes.
Par ailleurs, peu de gens s’inquiétaient du développement relativement récent de ce « nouveau Noël ». Bien au contraire : ils choisirent rapidement de faire évoluer leurs propres traditions familiales.
C’est cette adaptabilité permanente de Noël qui a assuré sa survie jusqu’à nos jours. Puis les institutions, les magasins et les églises se sont appropriés certaines facettes de ce « nouveau Noël » pour les développer de manière spécifique.
Le rôle stratégique des grands-magasins américains
Toujours à partir du milieu du 19e siècle, les commerçants anglais et américains ont très vite saisi les opportunités commerciales offertes par Noël. Surtout lorsque le 25 décembre fut élevé au rang de fête nationale (1802 en France, 1870 aux Etats-Unis).
Ainsi, dans les années 1880, les grands-magasins rivalisaient déjà entre eux pour offrir de superbes vitrines de Noël afin d’attirer leurs clients.
Les Européens qui avaient émigré aux Etats-Unis dans les années 1840 et 1850 écrivaient à Noël à leur famille restée sur le Vieux-Continent. Dans leur courrier, ils leur décrivaient l’extravagance des salles de bal, des magasins et des restaurants américains à Noël.
Les vitrines des grands-magasins new yorkais
Vers la fin du 19e siècle, les grands magasins de Manhattan rivalisaient de créativité. Ils mettaient en scène les expositions les plus attrayantes, avec des équipes spéciales d’artistes et d’artisans qui travaillaient tout au long de l’année sur ces scènes extraordinaires.
En raison de l’importance de son rayon jouets, le grand-magasin new yorkais Macy’s, créé en 1858, est devenu le haut-lieu des enfants américains à la recherche de jouets de qualité.
Quant aux vitrines de Lord and Taylor, assemblées par plus d’une centaine de personnes à plein temps, elles offraient aux New-Yorkais un formidable spectacle.
Les vitrines de Noël de Saks, sur la 5e Avenue, créées par la même équipe, attiraient des visites familiales similaires. Ces vitrines voyageaient après leur inauguration à New York vers tous les magasins du pays.
Les grands-magasins londoniens et parisiens
En Europe, les grands-magasins n’ont pas été de reste.
À Londres, Liberty’s et Selfridge’s se disputaient les vitrines les plus excitantes, Harrods visant un style plus conservateur. Les journalistes du 19e siècle s’enthousiasmaient pour la variété des cadeaux exposés chez Schoobrerad’s, Swan and Edgar’s et Debenham and Freebody’s à Londres. Il s’agissait de cadeaux pour les familles et les domestiques et, surtout, pour les enfants, qui commençaient à orienter la célébration de Noël.
En France, et surtout à Paris, les grands-magasins ont contribué au développement de la coutume d’offrir des cadeaux aux enfants à Noël. Pour lancer la mode, la plupart des grands-magasins ont publié des catalogues de Noël. Avec le recul, ceux du Bon Marché et des Galeries Lafayette à Paris sont un témoignage inestimable des styles et des goûts contemporains de la fin du 19e et du début du 20e siècles.
Le Noël des enfants
C’est dans la seconde moitié du 19e siècle que Noël est devenu véritablement les Saturnales des enfants !
Un Noël dévergondé !
Jusqu’à la fin du 18e siècle, Noël était une fête tapageuse, qui trouvait ses racines dans les fêtes pré-chrétiennes du solstice d’hiver et des Saturnales romaines. Cette époque de l’année était propice à la débauche. Rien à voir avec l’atmosphère paisible célébrée dans le chant de Noël “Douce nuit, sainte nuit ».
Pendant les temps de Noël, les croyants se rendaient à l’église. Puis ils faisaient la fête dans une atmosphère de débauche et de carnaval semblable à celle du Mardi Gras d’aujourd’hui. C’était la « Fête des Fous » ou « fête des Innocents », célébrée dans la France médiévale les 26, 27 et 28 décembre.
Noël sens dessus-dessous en Angleterre
Chaque année en Angleterre, un mendiant ou un étudiant était couronné “lord of misrule” et les célébrants enthousiastes jouaient le rôle de ses sujets. Les pauvres se rendaient dans les maisons des riches et exigeaient leur meilleure nourriture et boisson. Si les propriétaires n’obtempéraient pas, leurs visiteurs les terrorisaient par des méfaits.
Ainsi, Noël était devenu le moment de l’année où les classes supérieures pouvaient rembourser leur « dette » réelle ou imaginaire envers la société en divertissant les citoyens moins fortunés.
Il fut donc interdit de fêter Noël !
Il n’est pas surprenant que le chahut alcoolisé de la saison de fêtes de fin d’année (sans compter leurs racines païennes) n’était pas en odeur de sainteté auprès des autorités (religieuses et politiques). Ceux-ci ont donc découragé la célébration de Noël et l’ont même interdite aux 17e et 18e siècles.
Ces interdictions étaient menées par :
- en Angleterre : les Têtes-Rondes dirigés par Oliver Cromwell (les Parliamentarians puritains) pendant la Première révolution anglaise (milieu du 17e siècle).
- en Amérique : les Puritains de la Nouvelle-Angleterre américaine à partir des années 1620. Ainsi, de 1659 à 1681, la célébration de Noël était interdite à Boston. Toute personne faisant preuve de l’esprit de Noël était condamnée à une amende de cinq shillings. En fait, Noël n’a été déclaré jour férié au niveau fédéral que le 26 juin 1870.
Alors, comment Noël est-il passé d’une fête de beuveries et d’espiègleries à la célébration familiale que nous connaissons aujourd’hui ?
C’est là que les enfants entrent en jeu !
Jusqu’à la fin du 18e siècle, le monde occidental considérait les enfants comme porteurs du péché originel qu’il fallait discipliner vers le bien. Mais le 19e siècle vit s’imposer les idéaux romantiques sur l’innocence de l’enfance. Les enfants sont devenus les gardiens précieux et innocents de la Vie.
Comme on l’a vu, c’est à cette époque que Noël a commencé à muer en fête centrée sur la famille – et non plus sur des beuveries, ce qui était bien plus acceptable pour l’Eglise et l’ordre public.
On se rend compte de cette mutation culturelle avec la composition de chants de Noël au 19e siècle axés sur l’enfance : “Douce nuit”, « What Child Is This » et « Away in a Manger ».
Une autre façon de fêter Noël
Toutefois, l’énergie et les excès de la saison des fêtes de fin d’année n’ont pas disparu pour autant.
Bien au contraire ! Noël réunissait autrefois les riches et les pauvres, les dominants et les dépendants selon les anciennes organisations féodales du pouvoir. Les nouvelles traditions du 19e siècle ont déplacé le centre d’intérêt de la générosité de Noël des classes inférieures vers leurs propres enfants.
Dans le même temps, l’esprit “sens dessus-dessous” des Saturnales et du Wassailing anglais n’avait pas totalement disparu. En effet, un Noël centré sur l’enfant n’empêchait pas l’essor de la nouvelle économie industrialisée.
Enfants et adultes rêvent de Noël
En plaçant nos propres enfants au centre de la fête, on restait dans l’esprit de l’antique “inversion de Noël”. Mais il ne s’agissait plus d’une question de pouvoir social (les pauvres exigeant des riches). Elle permettait aux adultes de faire une pause enfantine dans le rationalisme, le cynisme et la routine laborieuse du reste de l’année. On dit souvent que les adultes sont restés de grands enfants !
Ainsi, pendant cette saison, les adultes peuvent psychologiquement partager le monde enchanté que nous associons aujourd’hui à l’enfance…
Pourtant, dès le milieu du 19e siècle, des écrivains se plaignaient que les enfants devenaient les maîtres de la saison des fêtes de fin d’année. Le foyer familial, comparable à un navire était « saisi par un équipage de petites mains mutines et naviguait gaiement à travers les régions gelées du solstice d’hiver avec la jeunesse à la proue et le plaisir à la barre ».
Des joujoux par milliers dans un soulier ou un bas de Noël
L’impression lithographique en couleur facilita la production des jeux pour des événements spéciaux (anniversaire, jour du saint) et surtout pour la saison de Noël.
A la fin du siècle, on trouve des boîtes à musique, des sets de peinture, d’écriture et de couture, ainsi que des tambours, tous décorés d’arbres de Noël et du Père Noël.
Balles, jumping jacks, poupées de Père Noël et feuilles de rebut se prêtaient idéalement aux souliers de Noël.
Aux Etats-Unis et en Angleterre, il s’agissait de bas de Noël (les stockings), généralement une vieille chaussette avec un traditionnel morceau de charbon porte-bonheur dans l’orteil.
Dans les familles pauvres, les enfants recevaient une orange, un sac de noix, quelques confiseries et, s’ils étaient chanceux, un seul jouet.
En ces temps-là, chaque famille en Europe ou aux Etats-Unis développait son propre rituel pour les souliers ou les bas de Noël et leur contenu. Si bien qu’aujourd’hui, ils sont devenus bien trop petits et ont été remplacés par les cadeaux emballés et placés sous le sapin.
Merci saint Nicolas !
Toutes ces traditions relatives au soulier ou au bas de Noël se sont développées à partir de l’histoire de saint Nicolas.
L’évêque légendaire aurait donné de l’or en guise de dot aux trois filles d’un homme qui avait perdu tout son argent.
Dans une version plus crue, les jeunes femmes auraient été contraintes de se prostituer si saint Nicolas n’avait pas rempli leurs bas d’or.
Quel est le meilleur cadeau de Noël pour un enfant ?
La réponse la plus évidente est un jouet (de Noël !).
Mais au tout début du 19e siècle, le concept de « jouet » tel que nous le comprenons aujourd’hui n’existait pas.
Le mot pouvait désigner n’importe quel petit objet pour un enfant : une épingle à cheveux bon marché, une bonbonnière ou un ornement.
Au début du 19e siècle, les soi-disants jouets pourraient aider les garçons et les filles à « exercer leurs sens de l’imagination, leur pouvoir d’imitation et d’invention ».
Il était recommandé aux parents de donner à leurs enfants des jouets bon marché plutôt que des objets miniatures coûteux qui resteraient sur une étagère. Ainsi, les enfants pourraient vraiment jouer avec eux. Quand bien même ils les casseraient, ce ne serait pas une tragédie !
Les jouets de Noël à travers les épreuves
Mais pouvons-nous vraiment imaginer Noël sans les jouets et jeux pour enfants ?
Bien que de nombreux adultes aient échangé – et échangent encore – des cadeaux à Noël, Noël est pour eux une célébration familiale dans laquelle l’enfant est au centre.
Même pendant la Grande Dépression, les parents ont fait de leur mieux pour que leurs enfants passent un Noël spécial, transformant leurs cadeaux achetés en cadeaux faits maison.
Les souliers ou bas de Noël étaient remplis de fruits comme des pommes ou des oranges, et de petites friandises.
Le folie des jouets de Noël dans l’après-guerre
Pourtant, ce n’est qu’après la Libération, lorsque la plupart des pays occidentaux ont connu une période de prospérité (les Trente Glorieuses), que les Noëls modernes ont commencé à devenir somptueux.
En France, simultanément avec l’apparition du Père Noël américain, l’augmentation des revenus et l’importance accordée à la consommation ont contribué au développement des jouets de Noël sous le sapin.
La période de Noël est devenue la plus importante de l’année. Depuis plusieurs décennies aux Etats-Unis (et quelques années en France), les ventes et les promotions sont généralement programmées pour commencer le « Black Friday” et se poursuivent jusqu’à la veille de Noël.
En savoir plus sur les jouets de Noël
Sites de référence
- Les cadeaux de Noël sur le blog
- La fantastique histoire du Père Noël : de Saint-Nicolas à Santa
- La page d’accueil du blog sur les festivités de Noël
- Les meilleurs Playmobil de Noël
- TOP 100 des meilleurs jouets et idées cadeaux de Noël
- L’article de Wikipedia sur les cadeaux de Noël
- L’article Wikipedia sur les jouets
- An essay on How kids got to the heart of Christmas
- Christmas in the 19th century America sur le site History Today
- History of Christmas on History.com
- Why we give children toys for Christmas on Daily Jstor
Une épingle pour Pinterest
Le Rendez-Vous #EnFranceAussi
Pour ce rendez-vous de l’événement #EnFranceAussi, le thème choisi par Eimelle du blog Tours et Culture est « Jeux et Jouets ». Vous ne connaissez pas #EnFranceAussi ? Il s’agit d’un RV interblogueurs, initié par Sylvie du blog Le coin des Voyageurs, qui a pour objet de (re)-découvrir les beautés de la France.
Découvrez les articles de ma participation à l’événement interblogueurs #EnFranceAussi. Cliquez sur le lien ici pour les lire !
je suis impressionnée par ton article! Un grand merci pour toutes ces infos!
Avec plaisir ! C’était un thème avec son lot de surprises (de Noël !) 🙂
Merci Pierre pour ce condensé historique sur les différentes déclinaisons de Noël à travers les époques et les pays. Je note qu’on est passé d’une beuverie d’adultes à la surconsommation de jouets pour les enfants ! Pour ma part, j’essaye de rester joyeuse quand Noël arrive, mais je lutte souvent contre la mélancolie de ne plus avoir mes parents à mes côtés pour ce grand rassemblement familial. Passe de belles fêtes avec tes proches ! Sandrine
Oui, Sandrine, c’est tout à fait ça, bon résumé ! 🙂
Nous avons aussi eu des pertes familiales qui rendent cette période de Noël assez « bitter-sweet » (comme on dit en anglais !)… Je te souhaite un beau mois de décembre et j’ai hâte de lire ton article sur le même thème 👋
Une belle mise en perspective et plein d’infos intéressantes. Chez moi, on fêtait la Saint-Nicolas, c’était un moment privilégié avec mon grand-père.
J’ai aussi connu Saint-Nicolas quand j’étais tout petit – lorsque nous habitions en Lorraine. J’en garde de beaux souvenirs d’enfance.
Père Noël hum commercial venant des usa pas très logique
St Nicolas belgique et Lorraine déjà mieux
Les rois mages, en Espagne le 6 janvier très bien les rois mages apportent leur cadeau à jésus (enfants en général) excellent
Très bel article très complet sur l’histoire de Noël et des cadeaux, dont les jouets, faits aux enfants ! 🙂
Merci Anne ! 👋
Merci Pierre. Très intéressant. Dans ma famille, il y a les cadeaux de Noël mais aussi les bas de Noël. Un jour une nièce a dit à sa grand-mère: Grand-maman, cela ne me dérangerait pas si tu ne me faisais pas de cadeau mais je tiens à mon bas de Noël! Mes parents n’étant plus là, je fais donc des bas de Noël à tout le monde, adultes comme enfants.
Avec plaisir, merci Danielle pour ce témoignage !
« Noël a-t-il besoin d’être si compliqué ? » Je trouve que cette phrase résume bien ce qu’est devenu Noël de nos jours. Je ne suis pas fan de la période pour le côté surconsommation qu’elle engendre et cette pression sociale au cadeau. En fait, je rêve d’un Noël sans cadeaux ! En tout cas chapeau pour cet article passionnant, qui nous apprend plein de choses sur Noël ! Un sacré travail de collecte d’info.
Je suis tout à fait d’accord avec toi Delphine… on frôle souvent l’overdose ! 😉
Se replonger dans l’histoire des traditions de Noël permet d’avoir du recul sur la surconsommation qui caractérise les fêtes de fin d’année d’aujourd’hui. Noël peut être « simple » mais ça nous place parfois (souvent ?) à contre-courant de notre entourage !