Il existe un endroit qu’il faut absolument découvrir dans le Grand-Est : le Jura alsacien. Aux premières chutes de neige, le paysage devient enchanteur. Un récit de voyage au château de Morimont et au lac de Lucelle entre automne et hiver dans le Jura alsacien.
Pour une fois, la météo annonçait une belle matinée ensoleillée avant une dégradation en après-midi. Le temps de reporter un rendez-vous téléphonique en Australie… et nous sommes partis en direction des montagnes du Jura.
Notre petit circuit nous a conduits à travers les paysages champêtres du Sundgau (Sud de l’Alsace) avant d’attaquer aux premiers contreforts du Jura.
Premier arrêt : le château de Morimont situé dans la commune d’Oberlarg. Nous avons emprunté un sentier longeant une belle prairie couverte de neige. Toutefois, les arbres aux couleurs de feu nous rappelaient que nous étions toujours en automne.
Soudain, les ruines romantiques du château de Morimont nous sont apparues, majestueuses sur leur éperon rocheux. Ce n’est peut-être pas aussi glorieux que le Neuschwanstein en Bavière, mais il faut reconnaitre que ce paysage de mi-saison automne/hiver était magnifique !
Retour sur nos pas pour nous engager sur le chemin menant directement au château par l’auberge du Morimont, ressemblant davantage à un bâtiment suisse qu’alsacien avec ses volets rouges ! Après tout, la frontière suisse est toute proche : à moins d’un kilomètre.
La première mention du château date de 1271 quand le comte de Ferrette l’offrit à Dieu en le confiant à l’évêque de Bâle. En 1356, le terrible tremblement de terre de Bâle l’a fortement endommagé et ce fut la dynastie vassale des comtes de Ferrette, les Morimont, qui le reconstruisirent avant de le revendre aux comtes d’Ortenbourg Salamanque en 1582. Le château de Morimont a beaucoup souffert pendant la Guerre de Trente Ans : les Suédois l’occupèrent en 1632 et les Français le démantelèrent en 1637.
Louis XIV le donna à la famille de Vignacourt qui en eut la possession jusqu’à la Révolution française.
Mais le château est surtout connu pour être lié à l’histoire de la Suisse. Un panneau explicatif à l’entrée du Morimont révèle ainsi qu’en juillet 1826 sous l’ombrage des hêtres au milieu des ruines, Xavier Stockmar, les frères Louis et Auguste Quiquerez et Olivier Seuret ont juré de « délivrer le Jura de l’oligarchie bernoise » au risque de la vie et de la liberté. Ce serment, qu’ils ont tenu en 1830, fut le point de départ de la révolte populaire qui mena en 1979 à la création de la République et Canton du Jura.
C’est ce 23e canton suisse qui s’étend à proximité du château et dont la capitale est Délémont.
Retour au parking. La route vers Lucelle passe par Oberlarg et Winkel, avant de bifurquer sur la droite à flanc de montagne. La vue du hameau des Verreries est magnifique : elle donne sur le Jura suisse délimité par la « bosse » du Col des Rangiers.
La route redescend ensuite dans l’étroite vallée de la Lucelle (ou Lützel) où se niche un petit village. Il s’agit de Lucelle, la commune la moins peuplée d’Alsace avec 41 habitants.
Nous sommes également au point le plus méridional de la région Alsace, à la frontière avec la Suisse, dont certaines habitations dépendent de la commune suisse de Pleigne.
Au moyen-âge, Lucelle était connue pour abriter une puissante abbaye cistercienne fondée au 12e siècle. Détruite à la Révolution française, on peut constater de très rares vestiges ainsi qu’une belle maquette du complexe disparu dans la petite chapelle dédiée à Saint-Bernard.
On peut également faire le tour à pied du petit lac pittoresque aménagé au moyen-âge par les moines et dont 90% de sa surface se situe en Suisse.
Il avait neigé les jours précédents, ce qui donnait au lieu un aspect enchanteur !
Notre visite s’est terminée vers midi et nous avons rejoint la plaine, juste à temps avant que le ciel ne se voile d’un léger manteau nuageux…
Cet article a été initialement publié sur www.frenchmomentsblog.com.