Il y a 95 ans, le 11 novembre 1918, l’Allemagne capitulait et signait sa reddition après 4 années d’une guerre effroyable, qui fit de nombreuses victimes dans les deux camps. Voici un récit de ma visite à deux commémorations de l’Armistice du 11 novembre 1918 à Altkirch et à Largitzen en Alsace du sud.
Les monuments aux morts
Outre les nombreux cimetières militaires découverts le long d’une route et offrant à nos regards leurs croix blanches bien alignées, chaque village français a érigé un monument rendant hommage à ses morts tués au cours des dernières guerres.

Ces témoins silencieux d’un passé turbulent sont là pour nous rappeler que ces noms gravés dans la pierre blanche ou le granit nommaient des personnes, avec chacune sa propre histoire qui un jour a rejoint la Grande Histoire.

Commémorations de l’armistice du 11 novembre à Altkirch
En cette soirée du 10 novembre 2013, la ville d’Altkirch, capitale du Sundgau, s’apprêtait à commémorer l’armistice de la Première Guerre Mondiale. La cérémonie devait se dérouler au cimetière militaire de la ville.
Lorsque je suis arrivée sur les lieux, la sono était installée, une délégation de pompiers était déjà sur place, bientôt rejointe par la Croix Rouge Française. Des élèves de l’école élémentaire étaient aussi présents accompagnés par leur parents et enseignants.

Une vingtaine de porte-drapeau se sont alignés de chaque coté de la stèle, la fanfare du 8ème Régiment de Hussard, autrefois basé à Altkirch, a aussi pris ses marques, les anciens combattants, les gendarmes, les journalistes sont arrivés ainsi que les officiels dont Monsieur le Sous-Préfet, Monsieur le Député-Maire et ses adjoints : la cérémonie pouvait commencer.

De la musique militaire à l’hymne européen
Elle fut très musicale dans des registres variés, mais choisis pour faire vibrer en chacun une note particulière. De la dignité pour la musique militaire à l’étonnement d’entendre Michel Sardou chanter « Verdun », alors que l’émotion de l’assistance était palpable, je fus envahie par un sentiment d’appartenance. Pour un instant, je me sentais « un » avec tous ces gens que, pour la plupart, je ne connaissais pas. Dans un temps passé, nos aïeux avaient souffert dans la même épreuve.
Bien plus, en entendant l’hymne européen « l’Ode à la Joie », chanté en français et en allemand par les enfants de l’école élémentaire, je partageais la même espérance en une Europe fraternelle.
Puis ce sont succédés la lecture de la lettre de Mr Kader Arif, secrétaire d’état, le dépôt des gerbes, la Sonnerie aux Morts et l’Hymne National (la Marseillaise).

N’oublions pas le verre de l’amitié !
Pour clôturer la cérémonie, tous furent conviés à prendre le verre de l’amitié en mairie.

Alors que chacun regagnait sa voiture, je me suis attardée auprès d’une porte-drapeau afin de prendre une photo et je lui ai demandé ce qui l’avait amené à être porte-drapeau.
Nicole fait partie de la section de Seppois de l’Union des Invalides et Victimes de Guerre d’Alsace-Lorraine. Elle fut elle-même une victime de guerre lorsque son père tomba sur le front russe le 9 mai 1944 alors qu’elle n’avait que un an. En l’honneur de ce père qu’elle n’a pas connu, elle accepta de devenir porte-drapeau.
Commémorations de l’armistice du 11 novembre à Largitzen

Nicole m’invita à la rejoindre le lendemain 11 novembre à Largitzen, un petit village situé dans le Sundgau. Après la messe, quelques habitants du village, le Maire et ses adjoints, l’abbé et les enfants de cœur, ainsi que les anciens combattants de la guerre d’Algérie du secteur, rejoignirent le monument aux morts où les enfants de l’école les attendaient en agitant de petits drapeaux tricolores.


Nicole et un de ses compagnons porte-drapeau avaient pris place de chaque coté du monument.

Discours, remise de médailles, dépôt de gerbes et Marseillaise se succédèrent.

Pendant tout ce temps, Nicole tenait son drapeau, souvent émue et pourtant fière d’honorer à sa façon tous ces soldats tombés lors d’une ou l’autre guerre du siècle dernier.
À la fin de la cérémonie, les habitants ont été conviés à un « verre de l’amitié », comme il est de coutume dans la région.

Cet article a été initialement publié sur www.frenchmomentsblog.com.