Cité ouvrière Menier de Noisiel © French Moments
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Pierre

DERNIÈRE MISE À JOUR : 10 janvier 2018

C’était lors d’une belle journée du joli mois de mai. En compagnie de ma fille de 3 ans, nous avons voyagé par le RER A de Maisons-Laffitte à Noisiel dans la banlieue Est de Paris. Destination : le château de Champs-sur-Marne. Et puis, comme nous avions toute la journée devant nous, on en a profité pour découvrir le site voisin de l’ancienne chocolaterie Menier à Noisiel. Et avant de repartir, j’ai arpenté les rues de la Cité ouvrière Menier sans savoir qu’un jour, j’écrirais justement un article à ce propos !


L’histoire de la cité ouvrière Menier à Noisiel

Antoine Brutus Menier
Antoine Brutus Menier

La cité ouvrière Menier est intégralement liée à l’usine de chocolat Menier à Noisiel. L’aventure industrielle commença en 1825. Cette année-là, un pharmacien parisien spécialisé dans les poudres choisit de s’implanter sur les bords de la Marne. Son nom ? Antoine Brutus Menier (1795-1853). Il implanta sa nouvelle entreprise sur le site d’un ancien moulin à Noisiel, alors un petit village de Seine-et-Marne.

Il comprit très vite le potentiel que représentait le marché du cacao en France et se lança dans la production de chocolat. Certains avancent que Menier a été le premier à fabriquer une plaquette de chocolat (1836). D’autres assurent que la véritable tablette, comme nous la connaissons aujourd’hui, fut inventée en 1847 par une chocolaterie anglaise installée à Bristol : J.S. Fry & Sons. (pour en savoir plus)

Une main d’œuvre abondante à loger

Pour pallier à la production en constante évolution, il fallait disposer d’une main d’œuvre abondante, et qui de plus est, présente sur place (à l’époque, pas de RER A pour venir des 4 coins de la région parisienne !). Entre 1856 et 1867, le personnel de la chocolaterie Menier est passé de 50 à 325 ouvriers. Puis à la fin du 19e siècle, ce sont 2 200 ouvriers qui travaillaient à la confection de 70 tonnes de chocolat par jour.

Une réorganisation de l’usine nécessaire en vue de l’automatisation

Cité ouvrière Menier de Noisiel © French Moments
Statue de Emile Justin Menier devant la mairie de Noisiel © French Moments

L’organisation de l’entreprise a été complètement revue. En 1870, Émile-Justin Menier (1826-1881) souhaita la construction d’une usine moderne de production de chocolat. Autour du moulin, des bâtiments abritant les machines furent construits en enfilade entre 1860 et 1874. Bordant la Marne, ils furent conçus par l’architecte Jules Saulnier (d’où le nom actuel du fameux moulin). On y trouve notamment l’ancêtre du gratte-ciel : un bâtiment construit avec une ossature métallique apparente.

Le moulin Saulnier de l'ancienne chocolaterie Menier à Noisiel © French Moments
Le moulin Saulnier de l’ancienne chocolaterie Menier à Noisiel © French Moments

La chaîne de production de l’usine fut automatisée au début du 20e siècle. Ceci permit la fabrication en série des tablettes de chocolat. Surtout, cette automatisation contribua à rendre le chocolat moins cher et plus abordable en France. Il s’agissait d’une véritable chocolaterie industrielle, comme on en trouve aujourd’hui !

L’empire Menier à Noisiel

Mais revenons à Émile-Justin Menier. L’industriel ne se contenta pas de diriger une entreprise florissante. Il procéda à un grand nombre d’acquisitions foncières dans la région et devint maire de Noisiel en 1871. Tout puissant dans sa contrée, il eu tout le loisir d’étendre son autorité paternaliste sur la commune.

La cité ouvrière Menier en développement

Cité ouvrière Menier de Noisiel © French Moments
Pavillon d’angle de la Cité ouvrière de Noisiel © French Moments

En 1874, l’industriel commanda à l’architecte Louis Logre la construction de 66 maisons en briques et d’un groupe scolaire proche de l’usine. Le développement du nouveau quartier résidentiel se poursuivit jusqu’en 1911 avec l’ajout de 85 pavillons. Au total, 311 logements ont été construits dans la Cité ouvrière Menier sur une surface de 20 hectares.

Il existait trois types principaux de maisons :

  • En bordure de rue : les maisons mitoyennes comprenaient deux logements de 64 m2. Chacun était composé d’un séjour, d’une cuisine et de deux chambres. Le jardin attenant couvrait une surface de 300 m2 et permettait aux résidents de cultiver un potager.
  • En cœur de parcelle : elles contenaient 4 logements et des jardins potagers.
  • A l’angle des rues : plus grandes et plus luxueuses, elles étaient destinées aux employés et ingénieurs.

A cette époque, l’eau courante n’arrivait pas dans les maisons, aussi des bornes fontaines avaient été installées dans les rues tous les 45 mètres.


La logique paternaliste au cœur de la Cité ouvrière

Cité ouvrière Menier de Noisiel © French Moments
Cité ouvrière de Noisiel © French Moments

Contrairement au système de location-vente introduit dans la cité ouvrière de Mulhouse, les occupants ne pouvaient pas espérer devenir un jour propriétaires de leur logement. Ceux-ci étaient ainsi loués exclusivement au personnel de l’usine. On quittait son travail à l’usine ? Il fallait rendre son logement.

Par cette opération immobilière, la famille Menier promouvait un idéalisme social en donnant la priorité à l’hygiène et à la santé. Les ouvriers étaient logés dans de bonnes conditions. Ils bénéficiaient de multiples services publics : bains-douches, lavoirs, cabinet médical, pharmacie, magasins d’approvisionnement, cafés-restaurants, écoles (pour garçons et filles), maison de retraite pour les ouvriers méritants… Ceci devait les maintenir dans le droit chemin de la morale.

Mairie de Noisiel © French Moments
La mairie de Noisiel © French Moments

L’école était au centre de la vie du quartier. Il s’agissait d’une école laïque, gratuite et obligatoire pour les enfants des ouvriers de son usine. Le bâtiment des écoles, édifié entre 1874 et 1876 sur la place Emile Menier abrite aujourd’hui la mairie de Noisiel. Et la statue au centre de la place est celle de Emile Justin Menier lui-même !

Cité ouvrière Menier de Noisiel © French Moments
Statue devant la mairie à l’effigie de Emile Justin Menier © French Moments

En 1963, les logements de la Cité ouvrière Menier furent cédés par la chocolaterie en liquidation à un promoteur. En piètre état, ils furent revendus à l’unité.

La Cité ouvrière Menier et la chocolaterie sont aujourd’hui classées monument historique. Le site a été soumis à l’UNESCO par le gouvernement français en 2002.


Se balader dans la Cité ouvrière Menier à Noisiel

La Cité ouvrière Menier forme un quadrilatère d’environ 600 sur 200 mètres, délimité par les rues Henri Menier (Ouest) et Albert Menier (Est), la Place Gaston Menier (Sud) et le Cours de l’Arche Guédon (Sud). Les rues suivent la pente du coteau de la Marne.

Les voies portent le nom d’un membre de la famille Menier : rue Claire Menier, rue Albert Menier, rue Henri Menier, square Jacques Menier, square Georges Menier, place Emile Menier ou place Gaston Menier.

Ma saison de l’année préférée pour découvrir le quartier est au printemps quand les jardins sont agrémentés d’arbres en fleur : prunus, magnolias, glycines ou lilas.


Comment s’y rendre ?

En voiture, rien n’est plus simple grâce au GPS… en revanche, si, comme moi, vous vous déplacez en transport en commun, il vous faudra prendre plusieurs correspondances :

  • Gare du RER A la plus proche : NOISIEL.
  • Pour vous y rendre : prendre le bus numéro 211, direction CHELLES-TERRE CIEL et descendre à l’arrêt CHOCOLATERIE.
  • Pour revenir : prendre le bus numéro 211, direction TORCY RER et descendre à NOISIEL RER.
  • Plan de la ligne de bus 211 sur le site de la RATP.

Pour en savoir plus sur la cité ouvrière Menier à Noisiel


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Inspiré ? Quelques épingles pour Pinterest :

Découvrir la Cité Ouvrière Menier à Noisiel (Seine-et-Marne) © French Moments Découvrir la Cité Ouvrière Menier à Noisiel (Seine-et-Marne) © French Moments

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 

A propos de l'auteur

Pierre a grandi en Alsace, en Lorraine et en Allemagne avant de s’établir en Australie. Passionné de la France et de sa culture, il a fondé French Moments, une organisation initialement basée à Sydney qui promeut notre beau pays au public anglophone. En 2014, il est revenu s’installer en Europe avec son épouse Rachel et sa petite fille Aimée. Professeur d’économie et de management en BTS, Pierre est également formateur de français en langue étrangère et guide touristique. Après avoir résidé quelques années en Ile de France et en Savoie, il promeut aujourd'hui la France depuis l'East Sussex en Angleterre.

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