Dominant la plaine d’Alsace du haut de ses 757 mètres, le château du Haut-Kœnigsbourg se démarque dans le paysage avec son imposante structure en grès rose des Vosges. Idéalement situé au cœur de la Route des Vins d’Alsace qui serpente le vignoble à ses pieds, la forteresse offre à ses visiteurs des points de vue à couper le souffle sur la plaine d’Alsace, la Forêt-Noire allemande et, par temps clair, les Alpes suisses. Le Haut-Kœnigsbourg est à ce jour le château le plus visité d’Alsace et à mon humble avis, le plus remarquable !
La position stratégique du château du Haut-Kœnigsbourg
La position stratégique du Haut-Kœnigsbourg en a fait le témoin des conflits européens qui ont impliqué des seigneurs locaux, des rois et des empereurs : les Hohenstaufen, les Habsbourg et les Hohenzollern.
La forteresse actuelle est en grande partie le résultat d’une reconstruction. Le château médiéval d’origine avait été détruit en 1462. Reconstruit, il connut le même sort au 17e siècle pendant la guerre de Trente ans. Les troupes de l’armée Suédoise le réduisirent en ruine. En 1865, la ville de Sélestat prit possession des ruines avant que l’empereur allemand, Guillaume II ne le restaure entièrement. L’inauguration eut lieu en 1908. Dix ans plus tard, le château devenait français !
Ce haut-lieu du tourisme en Alsace accueille plus de 550 000 visiteurs chaque année, dont 40% d’origine étrangère.
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Le château du Haut-Kœnigsbourg au Moyen Âge
Le château doit ses origines à la dynastie des Hohenstaufen qui le construisit au 12e siècle. Sa première mention date de 1147 sous le nom de ‘Staufenberg‘.
Sa position stratégique dominant la plaine d’Alsace permettait à ses occupants de surveiller les principaux axes de communication de la région. On y observait les mouvements de troupes sur les routes traversant la plaine d’Alsace ou les vallées vosgiennes en direction du duché de Lorraine.
La forteresse était aussi un site important de défense et de refuge en cas d’attaques de l’ennemi. En 1192, le château changea de nom. Il devint le “Kœnigsburg”, c’est-à-dire le “château royal” en dialecte allemand.
Un repaire de chevaliers-brigands
Il fut plus tard le repaire de chevaliers-brigands sévissant dans la plaine du Rhin.
Antoine de Hohenstein, ses acolytes les frères Mey de Lambsheim et une trentaine de mécréants menaient des attaques de voyageurs. Ils les dépouillaient puis les jetaient dans les cachots du château pour demander leur rançon. Le 26 octobre 1462, une coalition armée des villes de Colmar, Strasbourg et Bâle réussit à les déloger grâce à l’artillerie. La Ligue démantela le château comme prévu par l’accord.
Les comtes de Tierstein
Quelques années plus tard, en 1479, les Habsbourg confièrent la forteresse en fief aux comtes de Tierstein, une dynastie de petite noblesse. Les frères Oswald et Guillaume de Tierstein entreprirent la reconstruction du château. On y intégra un nouveau système de défense moderne pour permettre une meilleure résistance aux attaques de l’artillerie. La forteresse pouvait abriter une garnison de 150 à 200 soldats. Le château connut une certaine renaissance, d’où son nouveau nom : Hohkœnigsburg (“Hoh” signifiant “haut”).
Un château autrichien
Mais les Tierstein ne purent assurer leur descendance et croulèrent sous les dettes. L’empereur du Saint-Empire, Maximilien racheta la forteresse en 1517. Le Haut-Kœnigsbourg entra alors dans le giron autrichien des Habsbourg.
Dans les années 1530, le château fut ‘engagé‘ aux Sickingen. Les Habsbourg préféraient l’engagement à l’inféodation. Par l’engagement, les Habsbourg leur louaient le château pour un temps donné ou à perpétuité. L’engagiste acquérait la jouissance et les devoirs inhérents au titre du châtelain. Les Sickingen se devaient d’entretenir et de défendre la forteresse selon les intérêts de la Maison d’Autriche.
En 1606, le grand-bailli autrichien en Alsace, Rodolphe de Bollwiller, racheta le gage aux descendants des Sickingen. Puis à sa mort en 1616, ce fut son gendre qui succéda au gage : le comte Jean-Ernest Fugger, de la célèbre famille de banquiers d’Augsbourg.
Du 16e siècle à l’issue de la Guerre de Trente Ans en 1648, les Habsbourg considérèrent le Haut-Kœnigsbourg et Brisach comme des positions stratégiques capables de protéger les terres autrichiennes en Haute-Alsace.
La guerre de Trente Ans
En juin 1633, pendant la guerre de Trente Ans, les Autrichiens ne contrôlaient plus que le Haut-Kœnigsbourg. En effet, les troupes suédoises avaient conquis le reste de leurs territoires alsaciens.
Pendant l’été de la même année, les Suédois assiégèrent le château pendant 50 jours. Suivant sa reddition en septembre, les vainqueurs démantelèrent le château qui tomba en ruine. La forteresse se trouva dans un état d’abandon pendant les deux siècles qui suivirent.
La reconstruction du château du Haut-Kœnigsbourg
Le souhait de voir le Haut-Kœnigsbourg se relever de ses ruines coïncida avec le regard nouveau porté au Moyen Âge et à l’art gothique au 19e siècle.
Pour rappel, après la Guerre de Trente Ans, on abandonna le château démantelé par les Suédois. Pendant la Révolution française, ses pierres servirent de matériaux de construction. De plus, la forteresse souffrit des intempéries, de la végétation sauvage et du vandalisme de certains visiteurs.
Le rêve de Louis Spach
En 1856, l’archiviste du Bas-Rhin, Louis Spach rêvait déjà :
« Je sais que le vœu que je vais émettre n’est point réalisable et ne sera point réalisé, car les exigences matérielles de chaque jour sont trop grandes pour laisser place à la fantaisie… Figurez-vous un seul instant, le Hohkoenigsbourg relevé de ses ruines, et transformé, non en château fort contre l’ennemi, mais en pacifique musée du moyen âge… quelle affluence de promeneurs français et étrangers !… quel pèlerinage d’artistes, de poètes, de penseurs vers cet asile rouvert au culte du passé ! quel concert d’admiration de tous et de chacun, en planant, du haut des balcons ou des parapets rétablis, au-dessus de ce beau pays, que nous appelons avec quelque orgueil légitime notre Alsace, où d’un seul regard vous embrassez une immense étendue, un tableau dont les Alpes, la Forêt-Noire et nos montagnes indigènes forment la bordure… » (répertorié dans le livre Le Château du Haut Kœnigsbourg aux éditions Ouest-France)
L’ambitieux projet de Sélestat
En 1862, un regain d’intérêt pour le château se manifesta avec son classement en tant que monument historique. Trois ans plus tard, la ville voisine de Sélestat acquit le site avec l’objectif de le restaurer. Mais le projet se montra trop cher et la ville abandonna son ambitieux programme. En 1871, la Prusse annexa le château et la région Alsace. Puis en 1899, Sélestat offrit les belles ruines du château à l’empereur allemand Guillaume II, grand amateur de châteaux-forts, en visite en Alsace.
Guillaume II, nouveau propriétaire
Pour l’empereur, ce cadeau lui permettait de concrétiser ses plans de germanisation de l’Alsace. C’est-à-dire d’unifier la région avec la grande nation allemande. L’entière restauration du château du Haut-Kœnigsbourg voulue par Guillaume II marquait symboliquement la frontière occidentale de son empire. De la même façon que le château du Marienburg (Malbork, Poland) signalait la limite orientale de l’empire allemand. Le château restauré du Haut-Kœnigsbourg combinait à la fois les symboles de Guillaume II et ceux d’un autre empereur illustre : Charles Quint (voir les armoiries au-dessus de la porte principale du château).
L’ambition personnelle de l’empereur ne s’arrêta pas là. La germanisation de l’Alsace-Moselle se manifesta également dans la construction de nouveaux quartiers modernes à tonalité résolument allemande à Strasbourg et à Metz (découvrir le quartier impérial allemand).
La grande tâche de l’architecte Bodo Ebhardt
L’empereur confia le projet de restauration du château à Bodo Ebhardt (1865-1945), un architecte allemand expert en architecture médiévale. Ebhardt choisit de rétablir le château dans sa splendeur du 16e siècle, du temps des Sickingen.
Les travaux s’étalèrent sur huit années, de 1900 à 1908. Ils coûtèrent une somme colossale à l’époque : 2 250 000 marks. Chaque année, l’empereur lui-même visitait le chantier. Il était cependant hors de question que l’empereur y réside. Il souhaitait seulement restaurer les anciennes ruines. L’ère des chevaliers devait être rétablie dans le château dans lequel était prévu l’ouverture d’un musée médiéval. Depuis les premiers projets, on destina le nouveau château à devenir un haut-lieu du tourisme en Alsace.
Clin d’œil à Pierrefonds
L’imposante reconstruction n’est pas sans rappeler celle entreprise 40 ans plus tôt à Pierrefonds dans l’Oise. Œuvre de l’architecte Viollet-le-Duc, la restauration souhaitée par l’empereur Napoleon III fut à l’époque critiquée et controversée.
Pour l’architecte Bodo Ebhardt, la restauration du Haut-Kœnigsbourg se devait d’être fidèle au passé. En s’attachant aux principes architecturaux de l’époque médiévale, le jeune architecte berlinois analysa de nombreux documents des archives locales avec grande précision. Il mena d’intenses recherches sur le site du château. Les fondations et les murs qui étaient toujours debout furent préservés. Ils permettaient à Ebhardt d’identifier les différentes parties du château et de recréer des structures crédibles en vue de restaurer les ruines.
Les critiques acerbes au projet de restauration du château
Le choix de l’empereur en faveur d’Ebhardt ne fut pas du goût de certains membres de la communauté scientifique et archéologique de l’époque. Les critiques ne tardèrent pas à s’élever. Ses détracteurs pensaient qu’une telle restauration risquait de modifier la valeur historique du site. Mais ce fut surtout la restauration du donjon qui attira les foudres des critiques !
Ebhardt restaura le donjon sous la forme d’un carré. Ses adversaires soutinrent que celui-ci devait être circulaire. Le donjon fut la première partie du château à être restauré. Il devait être le symbole de la puissance du nouveau propriétaire des lieux – l’empereur allemand. L’aigle impérial aux ailes déployées fut fixé à son sommet en 1906 (il y est toujours !)
Bien sûr, les critiques de la restauration décriaient le programme ambitieux de l’empereur. Ce fut un moyen de signifier leur ressentiment à la symbolique impériale manifestée en Alsace.
Une restauration grandiose
La rapidité avec laquelle le château a été reconstruit est imputable aux techniques modernes employées. Une station de pompage actionnée par un moteur à essence, une petite locomotive à vapeur pour transporter les pierres d’une carrière voisine, une broyeuse à grès actionnée par un moteur à vapeur et des grues mécaniques électrifiées.
Le chantier au sommet de la montagne était éclairé à l’électricité. Il fallut attendre des années après la Première guerre mondiale pour que la fée électricité apparaisse dans les villages de la plaine au pied du château.
L’association des amis du Haut-Kœnigsbourg
La décoration et l’ameublement du château ont été rendus possibles grâce à une association fondée en 1904 : la Hohkönigsburgverein (“Société du Haut-Kœnigsbourg” en allemand). Il s’agissait d’un groupe comprenant 400 membres (professeurs d’université, architectes et archéologues) chargés d’installer au château une collection entière d’objets rhénans (armes, mobilier, tapisseries…). Ces pièces de collection datant de la fin du Moyen âge à la Renaissance provenaient d’Alsace, de Lorraine, de Suisse et du Tyrol.
Les travaux de finition et de décoration intérieure n’ont pas pu être terminés à temps pour l’inauguration de 1908. Ils continuèrent jusqu’à l’éclatement de la Première guerre mondiale. Le conflit mit un terme à ces travaux. Par exemple, le projet de décoration de la chambre « dorée » du donjon ne fut jamais accompli.
Enfin, l’autre mission de l’association des amis du Haut-Kœnigsbourg était de promouvoir la destination touristique du château, en instaurant notamment une tarification à l’entrée du site.
L’inauguration du château du Haut-Kœnigsbourg
Le 13 mai 1908, le château flambant neuf fut enfin inauguré en présence de l’empereur et des officiels. Un grand défilé avec plus de 500 acteurs costumés fut organisé pendant la cérémonie d’inauguration. Une reconstitution historique raconta la prise du château par les Sickingen en 1533. La presse alsacienne et internationale couvrit l’événement et s’amusa de la venue impromptue de la pluie qui gâcha les réjouissances !
Le château du Haut-Kœnigsbourg depuis 1918
En 1918, à la fin de la Première guerre mondiale, le château redevint français tout comme le reste de l’Alsace. En 1936, le Haut-Kœnigsbourg servit de décor au film de Jean Renoir: “La Grande Illusion” avec l’acteur Jean Gabin. La forteresse fut épargnée lors de la Seconde guerre mondiale.
Le château fut acquis par le Conseil Général du Bas-Rhin en 2007. Il est aujourd’hui l’un des châteaux les plus célèbres et des plus visités de France.
Qui était l’empereur Guillaume II ?
Friedrich Wilhelm Viktor Albrecht von Hohenzollern est né le 27 janvier 1859 à Berlin. Il est plus connu sous le nom de Kaiser Wilhelm II (allemand), mais aussi Kaiser William II (anglais) et Empereur Guillaume II (français). Guillaume II est le dernier empereur allemand et le dernier roi de Prusse. Il devint empereur en 1888 à la mort de son père, Frédéric III.
Durant son règne, l’Allemagne passa par une révolution industrielle sans précédent. Mais aussi par une vague de militarisme qui a transformé le pays en une grande nation moderne et dynamique. Une nouvelle puissance industrielle. La politique étrangère agressive du Kaiser l’a rapproché de l’Autriche-Hongrie et de l’Italie, mais il s’est aliéné la France et le Royaume-Uni. En 1914, Guillaume II déclara la guerre contre ces deux derniers pays, basculant le monde dans la Première guerre mondiale par le jeu des alliances.
Guillaume II était passionné par le Moyen âge et l’époque des chevaliers. Ceci explique sa restauration ambitieuse du château du Haut-Kœnigsbourg.
Une visite guidée du château
Perché à 750 mètres au-dessus de la plaine d’Alsace, le château du Haut-Kœnigsbourg épouse la forme du promontoire rocheux sur lequel il a été bâti. Les remparts encerclent la forteresse sur une longueur de 270 m et une largeur de 40 m.
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La Cour basse
Le visiteur au château entre d’abord par la Cour basse. On y accède par la porte d’honneur. Lorsque l’architecte Ebhardt restaura le château au 20e siècle, il entreprit la reconstitution de la porte dont il ne restait que le soubassement. Il fit sculpter les armes de Guillaume II au-dessus de celles de Charles Quint. Ceci provoqua à l’époque de vives critiques car ce portail ne pouvait être fidèle à celui du Moyen Âge !
La Cour basse est entourée d’une courtine et de bâtiments permettant l’autonomie du château en cas de siège : une hôtellerie à pans de bois (dite « maison alsacienne » basée sur le modèle d’une maison d’Ammerschwihr), des écuries, d’une forge et d’un moulin à vent. Dans la cour se trouve également la copie d’une fontaine du 15e siècle se trouvant à Eguisheim.
Le contrôle des billets se fait à l’entrée de la tour du départ de la rampe. Le linteau de la porte contient les armes des Tierstein, anciens résidents du château au 15e siècle. Les armoiries du baron de Bollwiller, châtelain en 1606, domine la porte.
Observez la tête qui orne le pilastre de droite : il s’agit du portrait de l’architecte !
Le pont-levis de la porte des lions
On commence la visite en longeant une rampe d’accès au château supérieur avec meurtrières. Au bout de cette rampe, on atteint un petit pont-levis gardant la tour du puits. Ce pont franchit un fossé creusé dans le roc. Une fois le pont franchi, on entre par la porte « des lions ».
Au-dessus de la porte, deux lions en gardent l’entrée (car les lions sont les gardiens traditionnels des portes !). On continue de longer la rampe pour découvrir une jolie cour intérieure.
La cour intérieure et l’escalier d’honneur
La cour intérieure est bordée par le corps de logis du château, la demeure seigneuriale des Tierstein. A l’ouest, on accède au cellier partiellement creusé dans le rocher. En 1530, cette vaste salle servait de cave et abritait quelques vingt tonneaux. Aujourd’hui, une intéressante maquette du château avant la restauration d’Ebhardt y est exposée.
Dans la cour se trouve un puits profond de 62 mètres avec une margelle carrée. Une sirène en pierre surmonte le toit.
L’escalier d’honneur, en colimaçon, est un ajout du 20e siècle (pendant des travaux de restauration). Il dessert les trois étages et les quelques vingt-deux salles du château disposées en enfilade. La tourelle de l’escalier, de forme octogonale, est joliment ajourée et décorée.
Avant d’entrer dans le logis, admirez les peintures murales sur la façade du logis sud. Elles représentent les Neuf Preux. Ce sont neuf héros guerriers, païens, juifs et chrétiens qui incarnaient l’idéal de la chevalerie dans l’Europe du 14e siècle. Les fresques sont un ajout de l’architecte allemand Bodo Ebhardt.
La visite du logis commence au 2e étage puis continue au 1er étage (le 3e étage n’étant généralement pas accessible).
Le deuxième étage du logis
- Le logis nord comprend la chambre et l’antichambre de l’impératrice : la « Chambre lorraine« . On y trouve des meubles anciens et un poêle reconstitué (la partie supérieure en céramique est moderne tandis que la partie inférieure contient d’anciennes plaques de fonte retrouvées lors de fouilles). Pourquoi « lorraine » ? Parce que ce fut la Société d’histoire et d’archéologie lorraine qui réalisa son aménagement en 1909. La cheminée est une copie de celle conservée dans la maison de la dîme de Rettel en Moselle. D’ailleurs, remarquez le dragon suspendu au plafond. Il s’agit d’une copie de la célèbre effigie du Graoully conservée dans la crypte de la cathédrale de Metz.
- Le logis sud abrite la célèbre « Salle impériale » ou « Salle des Fêtes« . L’aménagement de cette salle de réception d’inspiration médiévale date des années 1910-1912. La décoration comprend des fresques, des lambris sculptés et peints, d’un aigle impérial (à la base du lustre) avec la devise Gott mit uns (Dieu avec nous). Observez aussi les armes des Hohenzollern. La salle se termine par la tribune des musiciens.
- Avant de redescendre au premier étage, on passe par la tribune de la chapelle (celle-ci occupe deux niveaux du logis. Remarquez le vitrail représentant le chevalier Reinhardt de Sickingen) puis par trois pièces.
Photos du deuxième étage du logis
Le premier étage du logis
Le premier étage du corps de logis se compose :
- du logis nord. S’y trouve une succession de salles avec lambris – une technique d’isolation répandue à partir du 15e siècle).
- Le rez-de-chaussée de la chapelle comprend une peinture murale représentant un chevalier de Tierstein agenouillé au pied de la Croix, d’une copie d’un vitrail de 1499 et de deux tableaux du 16e siècle.
- du logis sud. Avec ses galeries en bois, il abrite deux salles fort intéressantes. La Salle des trophées tient son nom des trophées de chasse de Guillaume II. Puis, vient la Salle des arcs (ainsi nommée au 16e siècle). L’architecte Ebhardt l’a transformée en Salle d’armes. De nos jours, on y trouve une collection d’une centaine d’armes blanches datant de la fin du Moyen âge (piques, hallebardes, massues, mousquets de rempart, cuirasses, casques et arbalètes). Les fenêtres contiennent des vitraux conçus par Éduard Stritt. Ils représentent des panneaux héraldiques liés à l’histoire du château. Ne quittez pas la salle sans admirer le beau et grand poêle en carreaux de faïence. Il est l’œuvre de Hausleiter à Nuremberg (1907). Il s’inspire d’un poêle de 1501 qui se trouve dans la salle dorée de la forteresse autrichienne de Hohensalzburg.
Photos du premier étage du logis
Le troisième étage du logis
Le troisième étage abrite les cuisines impériales qui datent du début du 20e siècle lors de la grande restauration du château. Cet étage n’est accessible que lors des visites insolites du château.
Le donjon carré
Un donjon carré qui culmine à 62 mètres domine le château. La tempête Joachim de 2011 a gravement endommagé la toiture du donjon. Il fallut entreprendre des travaux de réparation. La toiture en cuivre bleu-vert fut recouverte en 2014 par un nouveau cuivre étincelant au soleil.
Il n’existait plus que ses fondations lorsque l’architecte Ebhardt le restitua. Celui-ci essuya de vives critiques quant à sa forme carrée. Plusieurs experts de l’époque estimaient qu’il devait être de forme circulaire. C’est effectivement le cas dans nombre de châteaux d’Alsace. Or, la base du donjon était bien carrée ! (comme au château Saint-Ulrich de Ribeauvillé ou aux trois châteaux d’Eguisheim).
Il n’est pas accessible aux visites.
L’aigle impérial du donjon
Regardez bien le sommet du donjon. Sous le tricolore qui flotte au gré du vent se trouve un curieux objet. Il s’agit d’un aigle aux ailes déployées.
En 1906, on installa un aigle en cuivre au sommet du château. Le 17 février 1995, une tempête emporta l’aigle de 70 kg. En se brisant, on découvrit à l’intérieur un parchemin en allemand.
Le message de l’empereur
Signé en date du 10 mai 1906 par l’empereur Guillaume II lui-même, le message atteste :
« Au sommet du donjon plane l’aigle étincelant, le cher symbole de la traditionnelle puissance impériale et de la grandeur allemande. Il étend les ailes sur le château reconstruit et sur le Reichsland qui s’étend à ses pieds. C’est un emblème qui dans le château reconstruit, avec la grâce de Dieu, doit être dressé aux yeux des peuples pour des siècles. C’est l’élément essentiel qui couronne une œuvre qui se dressera encore dans l’avenir et témoignera de la disponibilité du peuple pour aider son seigneur impérial dans la reconstruction d’un monument de la puissance et de la majesté allemande.
Des ruines s’est élevée cette construction offensive. Ce que Hohenstaufen créa, ce qui malgré les ouragans de la zizanie survécu obstinément, ce qui pendant des siècles, malgré un état de ruines désertes, restait un fier bâtiment, est désormais reconstruit sous l’impulsion de l’aigle allemand et sous la volonté de sa majesté, l’empereur d’Allemagne et roi de Prusse Guillaume II qui Dieu protège ; bien au-dessus des bruyants combats de la vie dans la vallée, bien au-dessus des vils combats et querelles, vers le soleil levant, plane l’aigle de l’empire, l’aigle des Zollern. Par la volonté de Dieu ! » (traduction Bernard Hamann)
On replaça le parchemin à l’intérieur de l’aigle restauré. Et celui-ci retrouva sa place au sommet du donjon, tourné vers l’Allemagne.
Le château supérieur : le Jardin intérieur et le grand bastion
A l’issue de la visite du logis, le parcours de découverte du château se poursuit vers l’ouest. On traverse un pont-levis qui franchit un fossé profond de 7 m pour accéder au Jardin intérieur.
Le Jardin intérieur
Ce jardin d’agrément est bordé au nord comme au sud par des courtines qui relient le logis au grand bastion. Le mobilier du jardin évoque la Renaissance. Remarquez le puits néo-Renaissance. A son sommet se trouve l’effigie d’un chevalier.
A l’ouest, une fois passé par le Jardin supérieur, un second pont-levis conduit au grand bastion. Deux puissantes tours saillantes flanquent l’ouvrage défensif ouest.
Le grand bastion
Pourquoi les bâtisseurs ont construit de si grosses tours ? Parce que le promontoire rocheux sur lequel se dresse le château se poursuit vers l’ouest. La crête pouvait servir de plate-forme de batterie aux armées ennemies. Il fallait donc fortifier puissamment le front occidental du château. Au 16e siècle, les tours défensives n’étaient pas coiffées de toitures.
En visitant les plates-formes du grand bastion, vous découvrirez une collection de pièces d’artillerie (canon, couleuvrines et fauconneaux).
Elles sont des reproductions de pièces qui se trouvaient à l’arsenal de Berlin. On y jouit d’une vue magnifique sur les Vosges et la plaine d’Alsace.
La visite se poursuit par la descente dans les casemates de la tour nord. Une porte percée en 1980 ouvre l’accès sur les lices nord.
Observez le pignon Renaissance du bâtiment (16e siècle) que l’on doit aux Sickingen :
De là, l’on rejoint la Cour basse.
Le Jardin médiéval
Finalement, le Jardin médiéval du Haut-Kœnigsbourg, entièrement clos, se situe à l’extérieur des murs du château. Ce jardin a été dessiné sur la base de documents et de gravures médiévaux. Il se compose de carrés aux bordures de bois tressé.
Il s’agissait d’un espace vert « utile » dans lequel les châtelains cueillaient des plantes pour se nourrir, se soigner ou teindre les tissus. Vers la fin du Moyen âge, l’espace devint un jardin de plaisirs avec des zones ombragées et des rosiers invitant à la flânerie.
Informations pratiques pour votre visite
Accès au château
- Le château du Haut-Kœnigsbourg se situe à 12 km à l’ouest de Sélestat, à 26 km au nord de Colmar, à 55 km au sud de Strasbourg.
- Le parking gratuit de 150 places se trouve le long de la D159 qui contourne le château. L’accès au château se fait par un chemin en légère montée (300 mètres à partir du pavillon du Haut-Kœnigsbourg au pied du château).
- Une navette au départ de la gare SNCF de Sélestat dessert le château du Haut-Koenigsbourg de mars à décembre. Plus d’infos.
- Vous pouvez entrer dans la Cour basse (accessible aux personnes en fauteuil) et admirer le château de plus près sans payer. La billetterie et le contrôle des billets se situent justement dans la Cour basse.
- Bon à savoir : la visite de l’intérieur du château comprend 300 marches.
- Achetez votre ticket d’entrée au château en ligne
Conditions de visite et conseils pratiques
- Le château est ouvert toute l’année et tous les jours à l’exception du 1er janvier, du 1er mai et du 25 décembre.
- En 2024, les droits d’entrée sont de 12 € (plein tarif), 8 € pour les jeunes de 6 à 17 ans et gratuit pour les enfants de moins de 6 ans (tarifs 2017). Le paiement a lieu sur place, le jour de la visite (la billetterie en ligne devrait être disponible bientôt sur le site officiel du château).
- L’entrée au château est gratuite tous les 1er dimanches du mois de novembre à mars et à l’occasion des Journées européennes du patrimoine.
- Le top du top pour visiter le château est de rejoindre une visite guidée. Vous apprendrez l’histoire du château et tous ces petits détails qui rendront votre visite passionnante.
- J’ai toujours privilégié une visite le matin à l’ouverture. La fréquentation y était minimum – surtout en périodes de forte affluence (weekends et vacances scolaires). Par contre, si vous voulez jouir de la vue sur la plaine d’Alsace et la Forêt-Noire, il faut s’y rendre en fin d’après-midi.
- Pour en savoir plus sur les conditions de visite du Haut-Kœnigsbourg, visitez le site officiel du château.
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Merci Pierre pour cet article, quand j’ai reconnu le nom de ton blog sur la 1ère page, j’ai cliqué et waouuuuuuu 100 articles quel défi !
J’ai adoré cet article, que de souvenirs dans ce chateau, je devais avoir 7 ans, la vidéo et les images m’ont vraiment ramené à cette époque merci beaucoup.
Je garde tes 100 articles pour quand je passe dans la région j’aurai l’embarras du choix pour les visites !
Merci Carine, quelle belle surprise de te lire ! Vraiment ravi que cet article t’ait ramené à de bons souvenirs… c’est vrai que c’est un château fantastique. A très bientôt et belle journée à toi 🙂
Bonjour Pierre,
Merci une nouvelle fois pour ce beau reportage sur l’Alsace avec le Château du Haut Koenigsbourg. En effet les comtes de Tierstein ou Thierstein étaient à un moment donné propriétaires de ce château. On trouve leur armoirie, une biche, à plusieurs endroits du château, (entre autre, sur votre photo représentant la cour du logis et l’escalier d’honneur) taillée dans le grès des Vosges, également un vitrail qui reproduit cette armoirie.
Ces seigneurs suisses étaient également propriétaires de notre village devenu ville de Riedisheim dans le Haut-Rhin, voilà pourquoi mes précisions
Amicalement, Georges.
Merci beaucoup Georges pour ces précisions intéressantes – et la relation avec Riedisheim ! 🙂
Bonjour Pierre,
Toujours un plaisir de découvrir votre mail du dimanche.
Merci pour le partage de notre belle région qu est l Alsace.
Je me demandais auriez vous un articles sur les » 3 épis » , mon défunt grand père m en parlait souvent quand j étais petite et j aimerais découvrir et en savoir plus sur ce lieu… Je suis preneuse aussi si vous avez des articles sur la ville de Hunningue…
Avec votre aide précieuse peut être j en apprendras un peu plus…
En tout cas, merci car vos articles permettent de s évader, de découvrir quand hélas on ne peut pas voyager.
Bon dimanche a vous et encore merci.
Marie
Bonjour Marie ! Merci pour le commentaire… je n’ai malheureusement pas d’articles sur Huningue et les Trois Epis proprement dit (je mentionne ces derniers rapidement dans celui de Niedermorschwihr > https://mon-grand-est.fr/niedermorschwihr-alsace/). En vous souhaitant une belle journée !
Bonjour Pierre,
Merci pour cette belle page d’histoire. L’ayant déjà visité plusieurs fois et survolé je découvre le château sous un aspect plus historique.
Je t’envoi en direct quelques photos Air Sol prises ors d’un survol du château en Junker 52…avion historique lui aussi.
Merci beaucoup Paul ! Bien reçu tes photos magnifiques ! 🙂
Bonjour Pierre ,
J’ai visité moulte fois le Haut Koenigsbourg . Et j’y retournerai pour le redécouvrir avec l’appui de ces pages d’histoire.
Merci pour le partage .
Merci beaucoup, Armand pour le commentaire ! 🙂