Le cadeau de Noël est traditionnellement offert aux enfants (mais aussi aux adultes !) à Noël. Emballé dans un papier-cadeau brillant ceint d’un beau ruban, il est distribué par le Père Noël. Toutefois, la tradition du cadeau de Noël cache une histoire bien surprenante…
Le premier cadeau de Noël
La tradition chrétienne attribue aux Rois mages la distribution des premiers cadeaux de Noël.
La visite des mages est relatée dans l’Évangile de Matthieu au chapitre 2 :
1 Jésus étant né à Bethléhem en Judée, au temps du roi Hérode, voici des mages d’Orient arrivèrent à Jérusalem, 2 et dirent : Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? car nous avons vu son étoile en Orient, et nous sommes venus pour l’adorer.
9 […] Et voici, l’étoile qu’ils avaient vue en Orient marchait devant eux jusqu’à ce qu’étant arrivée au-dessus du lieu où était le petit enfant, elle s’arrêta. 10 Quand ils aperçurent l’étoile, ils furent saisis d’une très grande joie. 11 Ils entrèrent dans la maison, virent le petit enfant avec Marie, sa mère, se prosternèrent et l’adorèrent; ils ouvrirent ensuite leurs trésors, et lui offrirent en présent de l’or, de l’encens et de la myrrhe.
L’offrande des rois mages est une tradition qui est restée vivace en Espagne. Dans ce pays, ce sont toujours les Rois mages qui apportent les cadeaux le 6 janvier à l’Épiphanie.
Le tout premier cadeau…
Mais bien au-delà de la visite des Rois mages, les chrétiens considèrent que Jésus est lui-même le cadeau offert par Dieu. L’épître aux Romains, chapitre 6 verset 23 affirme :
« Car le salaire du péché, c’est la mort; mais le don gratuit de Dieu, c’est la vie éternelle en Jésus-Christ notre Seigneur ».
Sa naissance dans une humble crèche inaugure une nouvelle ère, grâce au sacrifice qu’il accomplira 33 ans plus tard sur la croix.
Entre l’histoire d’une naissance dans le dénuement et la frénésie commerciale de Noël à laquelle on assiste aujourd’hui, il existe un énorme fossé. Et celui-ci s’est creusé véritablement à partir de la moitié du 19e siècle. Mais nous verrons ça un peu plus loin dans l’article…
Le(s) distributeur(s) du cadeau de Noël
Pour offrir les cadeaux à leurs enfants, les parents ont imaginé des médiateurs-donateurs légendaires. Ceux-ci peuvent être classés en trois grands groupes :
- les saints et les personnages bibliques (Saint-Nicolas, l’Enfant Jésus, Christkindel, anges, Sainte-Lucie)
- des fées et des sorcières (Tante Airie)
- de nombreux vieillards (le Père Noël, le Bonhomme hiver, le Père Janvier, le Père Chalande)
Certains de ces êtres imaginaires partagent plusieurs similitudes : la vieillesse, la générosité et la capacité magique de voyager dans les airs. Ils sont accompagnés d’animaux porteurs (âne, rennes) et parfois d’un double malveillant (Père Fouettard, Hans Trapp).
La tradition française des souliers
Autrefois, en France, les enfants déposaient un soulier vide près de la cheminée. Cette tradition semble s’essouffler de nos jours pour une raison toute simple : la taille et le nombre des cadeaux n’ont cessé d’augmenter. Dans le passé, le Père Noël déposait un cadeau généralement alimentaire (une orange, des biscuits, du pain d’épices).
De nos jours, il est devenu impossible au Père Noël de déposer les cadeaux dans un seul soulier. Il a préféré les disposer là où il y a plus de place : au pied du sapin !
Le cadeau de Noël est une invention du 19e siècle
Pour en savoir plus sur le cadeau de Noël, je me suis documenté en lisant plusieurs sources.
Un des livres que j’ai particulièrement apprécié est celui de Martyne Perrot : Le cadeau de Noël : histoire d’une invention.
Un livre que je vous recommande si vous voulez en savoir plus sur la tradition du cadeau de Noël.
Les étrennes du Nouvel An
Les premiers cadeaux de Noël étaient surtout des dons alimentaires : fruits secs, noix, pains d’épices, gâteaux, biscuits. Ils sont attestés au Moyen-Âge, notamment à Strasbourg.
Toutefois, bien avant l’apparition des cadeaux de Noël modernes, existaient les étrennes. Leur usage remonte au Moyen-Âge et était encore bien répandu au milieu du 19e siècle.
Le mot « étrennes » a pour origine les strenae en latin. Il s’agissait d’une fête qui se déroulait aux calendes de janvier, c’est-à-dire les premiers jours du mois. La fête honorait Strenia, la déesse romaine de la santé.
La tradition voulait que les étrennes soient offertes par les familles aristocratiques et bourgeoises aux domestiques et aux classes sociales inférieures aux leurs.
Des étrennes aux cadeaux de Noël
Dès le milieu du 19e siècle, l’usage des étrennes a cohabité avec l’influence grandissante des cadeaux de Noël. Ces derniers se sont imposés vers la fin du 19e siècle effaçant la tradition des étrennes du Nouvel An.
D’après Martyne Perrot, « Ce passage des étrennes au cadeau de Noël s’est appuyé sur un autre phénomène social concomitant. Celui de l’essor de la bourgeoisie qui, triomphante en ce siècle, a fait de Noël l’un des grands rassemblements annuels de la famille, déguisant peu à peu la fête religieuse en célébration profane. »
Dès lors, on assista à une mutation de l’un des grands repères du calendrier : les étrennes du Nouvel An cédèrent leur place aux cadeaux de Noël du 25 décembre.
Aujourd’hui, les étrennes sont cantonnées à la pièce que l’on donne aux facteurs, pompiers, concierges en échange d’un calendrier de la nouvelle année.
Contrairement aux étrennes, les cadeaux de Noël sont échangés dans le cadre privé et intime des familles. Ils placent l’honneur sur l’enfant, le centre d’attention de la fête de Noël.
Le rôle des vitrines de Noël
Selon Martyne Perrot, ce furent les vitrines de Noël qui auraient le plus participé à l’émergence des cadeaux de Noël dans la société française.
- En 1893, Le Bon Marché à Paris attira les passants avec une scène de patinage au bois de Boulogne.
- Sept ans plus tard, en 1900, le magasin du Louvre créa la surprise en annonçant abriter le sapin de Noël le plus grand de Paris.
- Puis, en 1910, Le Bon Marché présenta la première vitrine animée avec des automates mettant en scène l’expédition de Robert Peary qui avait atteint le Pôle Nord pour la première fois l’année précédente.
Avant la Première guerre mondiale, tous les grands magasins français avaient leur propre vitrine de Noël. Aujourd’hui, les vitrines de Noël des grands-magasins Printemps Haussmann et Galeries Lafayette Haussmann à Paris sont de grands événements et attirent les foules.
L’apparition du paquet-cadeau
Le cadeau de Noël est aujourd’hui indissociable de son emballage. Et c’est justement celui-ci qui a permis à la tradition du cadeau de Noël de s’installer pour de bon dans les traditions françaises de Noël. L’emballage date, lui aussi, de la fin du 19e siècle.
George Sand en fait allusion : il s’agissait d’un simple emballage avec du papier blanc ou beige.
C’est l’introduction du papier cadeau qui a marqué la tradition. L’on utilise du papier historié, de la cellophane et des rubans brillants et de toutes les couleurs. A l’époque, le paquet cadeau était préparé par les mères de famille et leurs filles.
La montée en puissance des cadeaux de Noël dans les années 1950
Mais c’est au lendemain de la Seconde guerre mondiale que la tradition du cadeau de Noël se popularisa dans toutes les familles françaises, à commencer par Paris. La promotion commerciale de la fête de Noël – et par conséquent des cadeaux – connut une ascension fulgurante à partir des années 1950.
Ceci fut dû en grande partie à l’avènement du Père Noël dans les traditions françaises de Noël. Dans les années 1950, le distributeur des cadeaux de Noël avait pour mission de rendre visite à tous les enfants, bons et méchants, pour leur offrir les jouets qu’ils désiraient tant recevoir.
Martyne Perrot met le doigt sur l’évolution de la société française de l’après-guerre quand elle écrit : « Tout est en place pour séduire le jeune public, l’émerveiller, le distraire et, dès la fin novembre, lui présenter les jouets dont il aura très envie. Noël prépare ainsi la future génération du baby-boom à affronter la société de consommation. Et les cadeaux de Noël en constituent l’un de tremplins privilégiés ».
La marée shopping de Noël
C’est à Noël 1952 que l’on parle pour la première fois en France de « marée shopping de Noël » (Elle magazine). Un an plus tard, le 24 décembre 1953, le Parisien libéré décrit dans ses colonnes la nouvelle frénésie qui entoure les achats de cadeaux à l’approche de Noël : « une armée de dindes a envahi les Halles. Les confiseurs offrent aux passants le spectacle de vitrines plus séduisantes les unes que les autres. Les retardataires se procurent le traditionnel sapin qui émerveillera les petits. Dans les magasins, c’est la cohue. Dehors, la circulation est intense et les piétons déambulent, chargés de paquets… »
La place du cadeau de Noël aujourd’hui en France
La fête de Noël est devenue la période par excellence pour échanger des cadeaux en famille. L’INSEE estime à 2,5 % de leur revenu annuel la dépense en cadeaux de Noël. Ceci représente deux tiers de leur budget cadeaux. Contre toute attente, ce n’est plus le jouet qui tient la première place du palmarès. On trouve davantage sous le sapin des livres, des jeux de société, des biens de loisir et … de l’argent liquide et des chèques-cadeaux ! Les produits high-tech vendus pour Noël progressent rapidement (9,5 millions de produits vendus dont 2,2 millions de smartphones). Même dans les familles modestes ou en précarité, ne pas offrir de cadeau reste exceptionnel (8% des familles d’ouvriers, 5% des ménages dont un des conjoints est au chômage).
Le Père Noël distribue en France plus de 60 millions de jouets, soit un peu plus de 8 cadeaux par enfant. Et pour cela, il est de plus en plus enclin à les commander sur Internet ! (33% des cadeaux sont achetés en ligne). Près d’un Français sur deux choisit toutefois l’hypermarché pour l’achat de ses cadeaux. (La moyenne européenne est de 1 sur 4).
Les dépenses de Noël des Français
En 2015, les Français ont dépensé 254 euros en moyenne pour leurs cadeaux de Noël. Peu de familles attendent la dernière minute pour les acheter :
- 12% des Français achètent leurs cadeaux pendant l’année
- 45% des Français le font dès le mois de novembre.
- 11% des Français ont reçu des cadeaux qui ne leur plaisent pas et songent à les revendre !
Si vous êtes intéressés par des statistiques sur les dépenses de Noël, il existe un rapport d’un grand cabinet de conseil que vous pouvez télécharger en cliquant ici.
Noël est devenu le rendez-vous annuel de la société de consommation. Ce qui fait dire à certains que « Noël devient purement commercial et de moins en moins religieux ». Avec ces temps de crise, on observe toutefois que les Français privilégient plus que jamais le noyau familial et limitent le budget qu’ils consacraient aux sorties. C’est le moment où « l’on se lâche » pour faire plaisir et se faire plaisir. Un moment de fête partagé en famille, que l’on souhaite commémorer la naissance de Jésus ou renouer les liens sociaux.
Pour en savoir plus sur la tradition du cadeau de Noël, je vous recommande la lecture du livre de Martyne Perrot : Le cadeau de Noël : histoire d’une invention.
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