Architecture de Nancy © French Moments
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Pierre

DERNIÈRE MISE À JOUR : 29 août 2025

L'architecture de Nancy, c'est un voyage de mille ans dans le temps !

Nancy, c’est ma ville de naissance. Ma ville de cœur aussi.

Je n’y ai pas longtemps vécu, mais à chaque retour, j’ai l’impression de retrouver une vieille amie qui n’a jamais vraiment changé – ou plutôt qui a toujours su se réinventer sans trahir son âme.

Quand j’étais enfant, ma grand-mère habitait en ville.

Aller la voir, c’était souvent l’occasion d’une petite expédition à pied jusqu’au centre.

Nous traversions les rues de la vieille-ville, un pain au chocolat à la main (priorités, hein !), et je me laissais happer par ces façades, ces portes sculptées, ces clochers qui pointaient vers le ciel.

Peut-être que c’est là, sans que je le sache, qu’est née ma passion pour l’architecture.

Et puis, il y avait le Graal : la place Stanislas. La cerise sur le gâteau.

Le moment où, après quelques détours dans les ruelles, je débouchais sur ce carré d’or.

À l’époque, la place n’était pas encore complètement piétonnière : pour rejoindre la statue de Stanislas, il fallait donc traverser en zigzag entre les voitures.

La place Stanislas au début des années 2000 © Pierre Guernier

La place Stanislas au début des années 2000 © Pierre Guernier

Les dernières fois que j’ai arpenté Nancy, c’était à l’invitation de l’office de tourisme

J’en ai profité pour dégainer mon appareil photo et mitrailler (dans le bon sens du terme) chaque façade, chaque détail.

Et en regardant mes clichés, une évidence : Nancy est une machine à voyager dans le temps.

Ici, on passe du Moyen Âge à la Belle Époque en quelques pas.

On croise du gothique, du baroque, du rococo, du classique, de l’Art nouveau, de l’Art déco… et même du “très contemporain” (avec plus ou moins de bonheur, mais bon...).

Alors aujourd’hui, laissez-moi vous embarquer dans cette balade temporelle.

Pas besoin de DeLorean ni de vortex spatio-temporel : une bonne paire de chaussures suffit. On part ?

Place Stanislas © French Moments

Nancy - Place Stanislas © French Moments

Où dormir à Nancy

Nancy offre un large choix d’hébergements, que vous cherchiez un hôtel de charme dans la vieille-ville, une chambre d’hôtes cosy près de la place Stanislas, ou un appartement moderne proche de la gare.

Séjourner dans le centre historique est idéal si vous souhaitez tout explorer à pied, tandis que les quartiers alentours proposent souvent des options plus calmes et à meilleur prix.

Utilisez la carte ci-dessous pour trouver l’endroit parfait où dormir à Nancy lors de votre visite.

L'architecture de Nancy en six périodes

Pour voyager dans le temps, j’ai choisi d’aborder l’architecture de Nancy à travers six grandes périodes : le Moyen Âge (roman et gothique), la Renaissance, le baroque, le néoclassicisme, l’Art nouveau, puis l’Art déco et Nancy contemporaine.

Nancy médiévale : des remparts et des marécages

Pour commencer notre voyage, direction le Moyen Âge. Là où tout a commencé – ou presque.

Imaginez un hameau au nom poétique de Nanceiacum, une voie romaine qui passe par là, et hop : Gérard d’Alsace décide au XIe siècle de planter son château.

Et comme souvent, le château attire des maisons, puis des murailles, puis une petite cité qui ne demande qu’à grandir. Voilà Nancy qui entre en scène.

Quand j’étais petit, ma grand-mère m’emmenait souvent dans la vieille-ville.

J’adorais flâner dans la Grande-Rue, avec ses façades sobres et ses pavés pas très coopératifs pour les chaussures de sport.

Mais le clou du spectacle, c’était la porte de la Craffe.

Imposante, sévère, avec ses deux grosses tours rondes qui vous regardent comme deux yeux inquisiteurs.

La porte de la Craffe en vieille-ville © French Moments

La porte de la Craffe en vieille-ville de Nancy © French Moments

À l’époque médiévale, on ne passait pas là en sifflotant mains dans les poches : c’était le contrôle de sécurité version XVe siècle, avec herses, créneaux et archers au-dessus de votre tête.

Un peu plus loin, il y avait l’église des Cordeliers, fondée par René II après sa victoire contre Charles le Téméraire.

Eglise des Cordeliers © French Moments

Eglise des Cordeliers à Nancy © French Moments

Quand j’étais enfant, je trouvais ce nom de “Cordeliers” assez mystérieux – je m’attendais presque à voir des moines jongler avec des cordes… (spoiler : ils ne faisaient pas de cirque, mais ils portaient simplement une ceinture de corde autour de leur habit).

À l’intérieur, l’ambiance est saisissante, avec des voûtes gothiques et surtout les tombeaux des ducs de Lorraine.

Eglise des Cordeliers © French Moments

La nef de l'église des Cordeliers à Nancy © French Moments

Un peu comme si la vieille église s’était transformée en album de famille de la dynastie.

Et puis, en cherchant bien, Nancy garde quelques rares traces d’art roman, comme la Commanderie Saint-Jean-du-Vieil-Aître.

La commanderie Saint-Jean © French Moments

La commanderie Saint-Jean à Nancy © French Moments

Beaucoup moins spectaculaire que la Craffe, mais émouvante par son ancienneté.

Comme un chuchotement venu du lointain XIIe siècle, coincé entre deux immeubles plus modernes.

Marcher dans la vieille-ville, c’est donc marcher dans un décor médiéval où chaque pierre a vu passer des processions, des foires, des batailles, et sûrement pas mal de commérages aussi (l’histoire ne dit pas ce que les dames du XIVe racontaient en allant au marché, mais j’ai ma petite idée).

La Grande-Rue © French Moments

Automne à Nancy - La Grande-Rue et la Porte de la Craffe © French Moments

Nancy à la Renaissance : quand l’Italie s’invite en Lorraine

Après les remparts austères du Moyen Âge, place aux fioritures et à la beauté humaniste : bienvenue à la Renaissance !

Ici, pas besoin de prendre un billet pour Florence ou Rome : Nancy s’est offert un petit air d’Italie… avec le climat lorrain en prime (les façades sont superbes, mais prévoyez le parapluie, on n’est pas en Toscane).

Le grand artisan de cette transformation, c’est René II, le duc qui a mis fin aux ambitions de Charles le Téméraire en 1477 lors de la bataille de Nancy.

Autant dire que la victoire a eu un goût de libération – et qu’il fallait marquer le coup.

Il reconstruit le Palais ducal, accolé à la vieille forteresse, et c’est encore aujourd’hui un joyau de la ville.

J’adore passer devant sa porterie sculptée : c’est comme traverser un livre d’histoire en relief.

Palais Ducal © French Moments

Palais Ducal de Nancy © French Moments

Les arcades, les colonnes, les motifs délicats… tout respire l’élégance de la première Renaissance.

Quand je l’ai photographiée lors de ma dernière visite, j’ai dû me contorsionner dans tous les sens pour avoir le bon angle (ce qui a bien fait sourire quelques passants).

Porterie du palais ducal - l'architecture de Nancy © French Moments

Le second gable © French Moments

Statue du duc Antoine - l'architecture de Nancy © French Moments

La statue équestre du duc Antoine au Palais ducal de Nancy © French Moments

Porterie du Palais ducal - l'architecture de Nancy © French Moments

Les deux portes : porte basse et porte cochère © French Moments

Non loin de là, un autre bijou : l’Hôtel d’Haussonville.

Une demeure noble, avec ses tourelles d’angle et sa cour intérieure, parfaite pour imaginer des banquets où les seigneurs parlaient politique tout en savourant un bon vin de Moselle.

Hôtel d'Haussonville © French Moments

L'Hôtel d'Haussonville à Nancy © French Moments

Quand j’étais enfant, je n’avais pas encore les clés pour comprendre ce style raffiné, mais aujourd’hui je m’amuse à repérer chaque détail : un mascaron sculpté, un linteau ouvragé… c’est une chasse au trésor visuelle.

Et puis il y a la place de la Carrière.

Elle naît elle aussi à la Renaissance, comme une longue esplanade pour tournois et joutes chevaleresques.

La place de la Carrière dessinée par Jacques Callot

La place de la Carrière dessinée par Jacques Callot au 17e siècle.

Place de la Carrière © French Moments

Les façades de la place de la Carrière à Nancy © French Moments

Aujourd’hui, les chevaliers ont disparu (heureusement, sinon bonjour les accidents de trottinettes électriques), mais le lieu garde une majesté incroyable.

C’est une entrée en scène grandiose qui annonce déjà les grands projets urbanistiques du siècle suivant.

Marcher dans le Nancy Renaissance, c’est sentir que la ville se met à respirer différemment : moins défensive, plus tournée vers la culture, le prestige, l’ouverture.

Vieille-ville de Nancy © French Moments

Une cour intérieure Renaissance dans la Ville-Vieille © French Moments

Les ducs veulent une capitale digne de ce nom, et ça se voit à chaque façade.

Porte Saint-Georges (Côté Ville) © French Moments

Porte Saint-Georges (Côté Ville) © French Moments

Nancy baroque et classique : la magie de Stanislas

La Renaissance avait déjà donné à Nancy un petit air princier, mais avec les siècles suivants, la ville sort carrément ses habits de lumière.

D’abord avec le duc Léopold au début du XVIIIe siècle, qui veut redonner éclat à sa capitale meurtrie par la guerre de Trente Ans.

Puis, surtout, avec celui qu’on n’attendait pas : Stanislas Leszczynski, roi de Pologne en exil, beau-père de Louis XV, et génial embellisseur de Nancy.

Place Stanislas © French Moments

La statue de Stanislas © French Moments

Mais avant de parler du plus célèbre des Nancéiens d’adoption, il faut dire un mot du baroque lorrain.

L’église Notre-Dame de Bonsecours par exemple : c’est là que Stanislas a voulu être enterré, dans ce sanctuaire où l’architecture baroque prend une allure très théâtrale.

Notre-Dame de Bonsecours © French Moments

La nef de Notre-Dame de Bonsecours, Nancy © French Moments

Notre-Dame de Bonsecours © French Moments

Les fresques des voûtes, Notre-Dame de Bonsecours, Nancy © French Moments

Avec ses colonnes, ses ornements et son atmosphère un peu solennelle, on sent que tout était pensé pour impressionner le fidèle.

Dans un autre registre, l’église Saint-Sébastien, plus proche du style jésuite, impose par sa façade symétrique et ses proportions harmonieuses.

Eglise Saint-Sébastien - l'architecture de Nancy © French Moments © French Moments

L'église Saint-Sébastien à Nancy © French Moments

Eglise Saint-Sébastien - l'architecture de Nancy © French Moments © French Moments

La façade de l'église Saint-Sébastien à Nancy © French Moments

Quant à la petite chapelle ronde des Cordeliers, elle surprend par sa forme atypique, comme si un architecte s’était dit : “Tiens, et si on faisait un cercle au lieu d’un rectangle ?” (l’audace baroque, déjà).

Eglise des Cordeliers - l'architecture de Nancy © French Moments © French Moments

La coupole de la chapelle des Cordeliers, Nancy © French Moments

Et puis, voici Stanislas, le visionnaire.

Celui qui a uni la ville-vieille et la ville-neuve en créant un ensemble urbain unique en Europe.

Le clou de ce projet : la place Stanislas.

Place Stanislas © French Moments

Vue d'ensemble de la Place Stanislas © French Moments

Ah, la fameuse “Place Stan”. Pour moi, c’était la cerise sur le gâteau de mes balades d’enfant avec ma grand-mère.

On marchait dans la vieille-ville, on levait la tête sur la Craffe, on passait devant le Palais ducal, on longeait la place de la Carrière et soudain, boum : on débouchait sur ce carré d’or. 

Place Stanislas © French Moments

Les grilles en fer forgé à l'entrée de la place Stanislas © French Moments

Aujourd’hui, débarrassée du trafic, la place se révèle dans toute sa splendeur.

Les façades classiques, parfaitement symétriques, forment un écrin de pierre blanche.

Les grilles dorées de Jean Lamour ajoutent la touche rococo flamboyante : de véritables dentelles de fer forgé, étincelantes au soleil (et encore plus au lever du jour, quand il n’y a pas foule).

Place Stanislas, fontaine de Neptune © French Moments

Fontaine de Neptune, Place Stanislas © French Moments

Place Stanislas - Fontaine d'Amphitrite © French Moments

Fontaine d'Amphitrite, Place Stanislas © French Moments

Je me souviens de ma dernière visite photo : j’ai dû m’arrêter dix fois, hypnotisé par les arabesques dorées qui se découpent sur le ciel lorrain.

Et ce n’est pas tout : Stanislas a aussi fait aménager la place de la Carrière dans un style classique majestueux, et la place d’Alliance, plus intime, mais toute aussi élégante.

Place de la Carrière © French Moments

Place de la Carrière © French Moments

Place d'Alliance - l'architecture de Nancy © French Moments © French Moments

Place d'Alliance, Nancy © French Moments

Avec ce trio, Nancy décroche sans effort sa réputation de capitale des Lumières.

Marcher sur la place Stanislas aujourd’hui, c’est comme marcher dans une salle de bal à ciel ouvert.

On a presque envie d’y entendre un concerto de Mozart, ou au moins les pas feutrés d’une danse d’époque.

Mais bon, à la place, on entend plutôt les conversations des touristes émerveillés (et parfois les cris de joie des enfants qui s'amusent à tournoyer autour de la statue de Stanislas).

La cathédrale vue de la place Stanislas © French Moments

La cathédrale vue de la place Stanislas © French Moments

Nancy au XIXe siècle : le grand éclectisme

Le XIXe siècle, c’est un peu l’adolescence de Nancy : la ville grandit vite, parfois trop vite, et essaie tous les styles à la mode.

On pioche dans le passé, on mélange, on invente.

Résultat : une ville éclectique où chaque église, chaque façade raconte un goût différent.

D’abord, il y a la spectaculaire basilique Saint-Epvre.

Basilique Saint-Epvre © French Moments

La basilique Saint-Epvre © French Moments

Enfant, je me souviens avoir levé la tête vers cette flèche interminable et m’être demandé si elle touchait presque les nuages (réponse : pas tout à fait, mais presque !).

Construite en style néo-gothique, elle semble vouloir rivaliser avec les grandes cathédrales médiévales, avec ses vitraux colorés et ses pinacles effilés. 

Le chevet de la basilique Saint-Epvre © French Moments

Le chevet de la basilique Saint-Epvre à Nancy © French Moments

Un autre exemple frappant : la basilique du Sacré-Cœur, construite en 1905 dans un style romano-byzantin.

Basilique du Sacré-Cœur de Nancy © French Moments

La Basilique du Sacré-Cœur de Nancy © French Moments

Avec son dôme et ses arcs arrondis, elle a des airs de petit Montmartre lorrain.

En la voyant pour la première fois, j’ai eu l’impression qu’un bout de Constantinople avait atterri en Lorraine.

C’est ça, Nancy : une surprise architecturale à chaque coin de rue.

Et puis il y a les églises moins connues mais tout aussi révélatrices de ce bouillonnement architectural, comme Saint-Léon ou Saint-Fiacre, qui témoignent de l’extension des quartiers ouvriers au fur et à mesure que la ville s’industrialisait.

Saint-Léon - l'architecture de Nancy © French Moments

Église Saint-Léon de Nancy vue de la gare © Michel Guernier - French Moments

Le chemin de fer (arrivé en 1850) et le canal de la Marne au Rhin avaient propulsé Nancy dans la modernité.

Résultat : une croissance effrénée, des faubourgs qui débordent, et des paroisses qui se multiplient pour accueillir les nouveaux habitants.

Gare de Nancy © French Moments

Gare de Nancy © French Moments

Marcher dans le Nancy du XIXe siècle, c’est passer d’un style à un autre comme on feuillette un catalogue d’architecture.

Un coup de néo-gothique grandiloquent, un coup de romano-byzantin, parfois un mélange des deux.

On sent que la ville voulait impressionner, se hisser au rang des grandes capitales françaises.

Et quelque part, ça marche : Nancy devient une vitrine de l’Est de la France, d’autant plus après 1870, quand l’Alsace et une partie de la Moselle passent sous domination allemande.

Et moi, dans tout ça ? J’avoue que ces grandes églises me fascinaient enfant, même si j’avais du mal à m’y retrouver entre tous ces styles.

Mais aujourd’hui, avec un appareil photo en main, je prends un vrai plaisir à traquer les détails : une gargouille qui grimace, une mosaïque colorée, un vitrail qui s’allume quand le soleil daigne percer les nuages lorrains (phénomène météorologique à ne pas manquer !).

Eglise St Epvre © French Moments

L'église Saint-Epvre vue de la place Stanislas © French Moments

Nancy à la Belle Époque : l’ivresse de l’Art nouveau

Après le XIXe siècle éclectique, Nancy entre dans sa période star, celle qui lui vaudra une réputation mondiale : la Belle Époque et son incroyable Art nouveau.

C’est simple : à cette époque, la ville se transforme en laboratoire de créativité.

Tout commence avec un drame historique : la guerre franco-prussienne de 1870-71

L’Alsace et une partie de la Moselle passent sous contrôle allemand.

Résultat : Nancy se retrouve propulsée en “capitale de l’Est” côté français.

Des milliers d’Alsaciens-Lorrains, industriels, commerçants, artistes, viennent s’y installer.

La ville explose de vitalité.

Et avec eux, arrivent de nouvelles envies artistiques.

L’Art nouveau à la nancéienne, c’est l’École de Nancy, fédérée par Émile Gallé.

Musée de l'Ecole de Nancy © French Moments

Le perron du Musée de l'Ecole de Nancy © French Moments

Autour de lui, des architectes comme Lucien Weissenburger, des ferronniers comme Jean Lamour (version Belle Époque), des verriers comme les Daum… tous unis par une idée : faire de l’art total, où tout – de la façade d’une maison jusqu’à la poignée de porte – respire la beauté et la nature.

Symbole absolu : la Villa Majorelle.

Maquette de la Villa Majorelle © French Moments

Maquette de la Villa Majorelle © French Moments

Construite en 1902 pour l’ébéniste Louis Majorelle, c’est un poème en briques, bois et fer forgé.

Les lignes ondulent comme des tiges végétales, les vitraux colorés rappellent des fleurs, et l’intérieur est un manifeste de l’Art nouveau.

Quand j’ai visité la villa, j’avais l’impression d’être entré dans un décor vivant, où chaque détail murmure : “rien n’est droit, tout est mouvement”.

Même les escaliers semblent vouloir danser.

Mais l’Art nouveau ne s’arrête pas aux villas privées : il s’invite dans les commerces, les brasseries, les banques.

Un exemple gourmand (et splendide) : la brasserie Excelsior.

Brasserie Excelsior © French Moments

A la Brasserie Excelsior © French Moments

On y entre comme dans un temple de la Belle Époque : grandes verrières, boiseries sculptées, mosaïques, lustres… et des plats lorrains qui tiennent bien au corps (croyez-moi, une tourte lorraine dans ce décor, ça a une autre allure !).

Et que dire du quartier Saurupt, conçu comme une cité-jardin Art nouveau ?

On y trouve encore de nombreuses villas aux lignes audacieuses.

Art Nouveau à Nancy © French Moments

Art Nouveau à Nancy au printemps © French Moments

Certaines ont un petit air de maison de conte de fées, d’autres ressemblent à des sculptures habitables.

On a envie de frapper à la porte et de demander : “Pardon, vous auriez une tasse de thé Art nouveau à partager ?”

L’apogée de cette période, c’est l’Exposition internationale de l’Est de la France, organisée en 1909 dans le parc Sainte-Marie.

Des pavillons entiers sont construits pour montrer le savoir-faire artistique et industriel lorrain.

On veut prouver à l’Allemagne voisine que la France a encore du génie à revendre.

Nancy rayonne alors au niveau international, presque comme un petit Paris de l’Est.

Est Républicain Nancy © French Moments

Le bâtiment Art Nouveau de l'Est Républicain à Nancy © French Moments

Pour moi, Nancy Belle Époque, c’est le rêve éveillé.

À chaque visite, j’ai l’impression de redécouvrir une façade cachée, une ferronnerie délicate, un vitrail oublié.

Appareil photo en main, je pourrais passer des heures rien qu’à la chasse aux arabesques.

Et parfois, je me demande si les habitants des villas se rendent compte de la chance qu’ils ont de vivre dans un chef-d’œuvre… ou si pour eux, c’est juste “la maison qui craque un peu mais qu’on adore quand même”.

Musée de l'Ecole de Nancy © French Moments

Musée de l'Ecole de Nancy © French Moments

Nancy Art déco et moderne : entre élégance et béton

Après les courbes folles de l’Art nouveau, Nancy change à nouveau de visage dans l’entre-deux-guerres.

L’heure est à la géométrie, aux lignes sobres, aux façades qui jouent la carte du “less is more” avant l’heure.

Bienvenue dans l’ère Art déco.

Impossible de rater les Magasins Réunis, immense vaisseau de béton et de verre inauguré en 1928.

Magasins Réunis à Nancy © French Moments

Les anciens Magasins Réunis à Nancy © French Moments

Le bâtiment abrite aujourd'hui la FNAC et le Printemps mais à l’époque, c’était le temple du shopping chic – un peu l’ancêtre de nos centres commerciaux, mais avec une élégance folle.

Quand on regarde sa façade rythmée par des colonnes massives et ses grands vitrages, on se dit qu’aller y acheter une paire de chaussettes devait presque ressembler à une cérémonie.

Autre témoin de ce style : la bibliothèque universitaire place Carnot.

Ses volumes réguliers, ses décors stylisés, respirent cet Art déco qui voulait marier fonctionnalité et beauté.

Une époque où même les bâtiments voués aux études avaient le droit d’être beaux – une bonne motivation pour les étudiants (enfin… en théorie).

Mais le XXe siècle ne s’arrête pas là.

Avec la reconstruction d’après-guerre, puis les grandes vagues de modernisation des années 50–60, Nancy se dote d’architectures plus… comment dire… utilitaires.

Le quartier de la gare, par exemple, mêle bâtiments XIXe, héritages Art nouveau et grands ensembles modernes.

Viaduc Kennedy Nancy © French Moments

La vue du quartier d'affaires depuis le viaduc Kennedy à Nancy © French Moments

Le centre commercial Saint-Sébastien, construit dans les années 70, symbolise cette volonté de moderniser coûte que coûte.

Le complexe Joffre-St Sébastien - l'architecture de Nancy © French Moments

Le complexe Joffre-St Sébastien, Nancy © French Moments

Alors oui, ce n’est peut-être pas le coin le plus photogénique de Nancy, mais c’est aussi ça, l’histoire urbaine : des choix assumés (ou pas).

Et puis il y a le Haut-du-Lièvre, immense barre d’immeubles édifiée entre 1958 et 1961, longtemps considérée comme la plus longue d’Europe.

Le Haut-du-Lièvre - l'architecture de Nancy © French Moments

Le Haut-du-Lièvre à Nancy © French Moments

À défaut d’être charmant, c’est un témoin fascinant d’une époque où l’on croyait dur comme fer que le béton allait résoudre la crise du logement.

Aujourd’hui, le quartier a changé, certains blocs ont été détruits, mais il reste dans la mémoire des Nancéiens comme un symbole de modernité (et parfois comme un sujet de débat animé).

Pour être honnête, Nancy moderne n’a pas toujours la même grâce que Nancy baroque ou Art nouveau.

Mais c’est aussi ce qui fait son intérêt : la ville ne s’est jamais arrêtée.

Elle a continué d’expérimenter, de grandir, de se réinventer.

Et en marchant de la Porte de la Craffe jusqu’à Saint-Sébastien, on traverse mille ans d’architecture, sans changer de chaussures.

La tour Thiers - l'architecture de Nancy © French Moments

La tour Thiers : le plus haut gratte-ciel de Nancy © French Moments

Conclusion : Nancy, mille ans d’histoire à ciel ouvert

Chaque fois que je reviens à Nancy, j’ai cette même impression : marcher dans un immense musée à ciel ouvert… mais sans les gardiens qui vous disent “ne touchez pas”.

Ici, l’histoire n’est pas derrière une vitre : elle est sous vos pieds, au-dessus de votre tête, dans les façades qui racontent mille ans de vie urbaine.

De la sévérité médiévale de la Porte de la Craffe aux dentelles dorées de Jean Lamour, des lignes ondoyantes de la Villa Majorelle aux volumes sobres de l’Art déco, Nancy a tout connu, tout essayé.

La Maison alsacienne du Parc Sainte-Marie à Nancy © French Moments

La Maison alsacienne du Parc Sainte-Marie à Nancy © French Moments

Parfois avec éclat, parfois avec un peu trop de béton, mais toujours avec cette capacité à se réinventer.

C’est sans doute pour ça que je garde un attachement si fort à ma ville natale.

Enfant, je la découvrais main dans la main avec ma grand-mère, émerveillé devant la place Stanislas et tout excité de passer sous la Craffe.

Porte de la Craffe © French Moments

Le passage voûté de la Craffe © French Moments

Aujourd’hui, quand je la redécouvre avec mon appareil photo, l’émotion est toujours là.

Comme si chaque pierre, chaque grille dorée, chaque vitrail venait me chuchoter : “Tu es chez toi.”

Alors si vous passez par Nancy, n’essayez pas de tout voir d’un seul coup.

Laissez-vous surprendre. Levez la tête, perdez-vous un peu, jouez aux explorateurs.

Parce qu’au fond, visiter Nancy, c’est comme remonter le temps sans machine ni vortex. Une simple balade suffit.

Et qui sait ? Peut-être que vous aussi, vous repartirez avec cette étrange impression que Nancy, c’est une vieille amie… une amie qui aime bien se refaire une beauté à chaque siècle.

Place Stanislas - l'architecture de Nancy © French Moments © French Moments

Sur la place Stanislas à Nancy ! © French Moments

Récapitulatif de l'architecture de Nancy par sites

Nancy Place Stanislas Croquis 2 par Open AI

Roman

  • Commanderie Saint-Jean-du-Vieil-Aître


Gothique

  • Porte de la Craffe
  • Palais Ducal
  • Église des Cordeliers


Renaissance

  • Porterie du Palais ducal
  • Hôtel d’Haussonville
  • Place de la Carrière (esplanade initiale)
  • Hôtel de Rogéville
  • Porte Saint-Georges (côté ville)
  • Porte de la Citadelle
  • plusieurs portes d'immeubles le long de la Grand-Rue


Baroque

  • Église Saint-Sébastien
  • Chapelle ronde des Cordeliers


Rococo

  • Grilles en fer forgé de Jean Lamour (Place Stanislas et Place de la Carrière)
  • Église Notre-Dame de Bonsecours (intérieur)


Néo-classique (XVIIIe siècle)

  • Place Stanislas
  • Place d’Alliance
  • Place de la Carrière (remaniée au XVIIIe)
  • Arc de Triomphe (Porte Héré)
  • Palais du Gouvernement
  • Portes Saint-Stanislas, Sainte-Catherine et Désilles
  • Cathédrale de Nancy
  • Hôtel Ferraris


Néo-gothique (XIXe siècle)

  • Basilique Saint-Epvre
  • Église Saint-Léon
  • Église Saint-Fiacre
  • Église Saint-Pierre
  • Basilique Notre-Dame-de-Lourdes


Romano-Byzantin (XIXe–XXe siècle)

  • Basilique du Sacré-Cœur (1905)


Art Nouveau (Belle Époque)

  • Villa Majorelle
  • Brasserie Excelsior
  • Banque Charles Renauld
  • Villas du quartier Saurupt
  • Grand Nancy Thermal
  • Immeuble Weissenburger
  • Immeuble Lombard
  • Maisons Huot


Art Déco (Années 1920–30)

  • Anciens Magasins Réunis (1928)
  • Bibliothèque universitaire, Place Carnot
  • Ancienne usine Alstom (façade)
  • Auditorium Gaston Stoltz, Parc de la Pépinière


Moderne / Contemporain (XXe siècle)

  • Tour Joffre Saint-Thiébaut (1963)
  • Tour Thiers (1975)
  • Centre commercial Saint-Sébastien (1976)
  • Haut-du-Lièvre (1958–61) et Tour Panoramique Les Aulnes (1970)
Hôtel de Ville de Nancy © French Moments

La vue du balcon de l'Hôtel de Ville de Nancy © French Moments

Cet article sur l'architecture de Nancy fait partie du rendez-vous interblogueurs #EnFranceAussi, une belle initiative de Sylvie du blog Le coin des Voyageurs. Ce mois-ci, le thème choisi par Ava du blog Avagabonde est "Voyage dans le temps". Découvrez les articles de ma participation à l'événement en cliquant sur le lien ici !

A propos de l'auteur

Pierre a grandi en Alsace, en Lorraine et en Allemagne avant de s’établir en Australie. Passionné de la France et de sa culture, il a fondé French Moments, une organisation initialement basée à Sydney qui promeut notre beau pays au public anglophone. En 2014, il est revenu s’installer en Europe avec son épouse Rachel et sa petite fille Aimée. Professeur d’économie et de management en BTS, Pierre est également formateur de français en langue étrangère et guide touristique. Après avoir résidé quelques années en Ile de France et en Savoie, il promeut aujourd'hui la France depuis l'East Sussex en Angleterre.

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