Cela faisait un petit moment que je souhaitais écrire un petit article sur le bourg le plus proche de notre village. La petite ville d’Aime se trouve au cœur de la vallée de la Tarentaise, entre Moûtiers et Bourg-Saint-Maurice. En janvier 2016, elle a fusionné avec des communes voisines pour devenir Aime-la-Plagne. La localité est célèbre pour sa basilique Saint-Martin, joyau de l’art roman en Savoie. Aime constitue une excellente base pour explorer la région, du Beaufortain à la Vanoise. Suivez le guide !
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L’arrivée à Aime-la-Plagne
En arrivant à Moûtiers par la RN90, vous atteindrez Aime-la-Plagne à l’issue d’une série de défilés avec à-pics et falaises. Le plus connu est l’Etroit du Siaix. Ce passage « étroit », vous l’apercevrez rapidement depuis la route. Car en 1990, un tunnel a été inauguré pour faciliter le passage de cet endroit dangereux. Une fois sorti du tunnel, vous entrez dans le territoire de la commune d’Aime-la-Plagne. Du viaduc, vous découvrez le village de Centron sur la gauche. Encore quelques kilomètres à zigzaguer le long du ravin et la vallée devient de plus en plus ouverte.
Aime-la-Plagne : une nouvelle commune
Depuis 2016, la commune nouvelle d’Aime-la-Plagne est le résultat de la fusion d’Aime et des villages voisins de Granier et Montgirod (les communes déléguées).
Déjà en 1972, trois communes du canton d’Aime avaient fusionné avec Aime : Longefoy, Tessens et Villette (et chacune avec leurs hameaux). On les appelait les « communes associées« .
Aujourd’hui, le territoire de la commune nouvelle d’Aime-la-Plagne s’étend des montagnes du Beaufortain au massif de la Vanoise. Il inclut les stations de ski de Plagne Montalbert et Plagne Aime 2000 qui font partie du domaine de la Grande Plagne.
Sur l’autre versant – l’adret (aussi surnommé Versant du Soleil), plusieurs villages et hameaux s’agrippent aux coteaux : Montgirod, Villaroland, Tessens, La Thuile et Granier.
Des points de vue sublimes !
De nombreux endroits offrent un point de vue remarquable sur la ville d’Aime. Il suffit de suivre les routes menant sur les hauteurs (Tessens, Granier, Côte d’Aime, La Roche) pour admirer les toits et monuments de la ville.
Mes préférés sont le long de la route menant à Granier (D218). Des panoramas époustouflants s’offrent à vous : Aime-la-Plagne bien sûr, mais le domaine de La Plagne, le Sommet de Bellecôte, le Mont Pourri et les Alpes Grées à la frontière avec l’Italie.
La ville historique d’Aime
Aime, voilà un joli nom pour une commune. Malgré tout, son origine étymologique ne vient pas du verbe « aimer » !
En fait, il faut remonter très loin pour trouver les origines d’Aime. Anciennement Forum Claudii Centronum, la cité était la capitale administrative des Centrons (ou Ceutrons). Le pouvoir de ce peuple gaulois s’étendait sur la Tarentaise, le Haut-Faucigny et le Beaufortain. Mais surtout, ils contrôlaient les cols alpins du Petit et du Grand Saint-Bernard.
Aime-la-Romaine
Au temps des Romains (1er siècle avant notre ère), Aime devint la capitale de la province romaine des Alpes Graies. L’empereur Auguste lui donna le nom d’Axima, du nom du dieu local Aximus (le protecteur des sources).
Axima se situait le long d’une route romaine d’importance : l’Alpis Graia. Cette voie reliait Milan à Vienne (actuellement en Isère) par le col du Petit-Saint-Bernard. On la retrouve mentionnée (ainsi que Aime/Axima) sur la carte de Ptolémée datant de 150 après J.-C.
De cette période romaine, on a conservé des vestiges intéressants dans la crypte de la basilique Saint-Martin.
Aime au Moyen-Âge
A la chute de l’empire, Aime perdit son statut de capitale au profit de Darentasia, l’actuelle Moûtiers. C’est également cette ville qui fut choisie pour siège de l’évêché de Tarentaise.
Au Moyen Âge, Aime prospéra sous le contrôle des vicomtes de Tarentaise, les sires de Montmayeur. Ceux-ci firent d’Aime leur résidence. On leur doit la tour de Montmayeur, une tour forte du 14e siècle qui commandait un pont à péage sur l’Isère). C’est également au Moyen Âge que l’on érigea la basilique Saint-Martin, joyau du premier art roman (11e siècle).
Que voir à Aime ?
De passage à Aime, prenez le temps de découvrir cinq sites d’intérêt : la basilique Saint-Martin, la tour Montmayeur, l’église Saint-Sigismond, l’ancienne chapelle Saint-Sigismond et les façades pittoresques aux badigeons clairs de la Grande Rue.
La basilique Saint Martin
1139 avenue de Tarentaise
La basilique Saint-Martin d’Aime est un joyau de l’art roman du début du 11e siècle. Il s’agit d’un des plus anciens sanctuaires religieux de Savoie. Le sanctuaire fut un ancien prieuré bénédictin, construit probablement vers 1015 ou 1019 sur l’emplacement d’une basilique romaine et d’une église paléochrétienne.
L’historien français Raymond Oursel (1921-2008) écrivit à propos de la basilique d’Aime :
« Avec Aime, pittoresque priorale de Tarentaise et fille de l’abbaye bénédictine de Saint-Michel-de-la-Cluse en Piémont, l’art « lombard » a, d’emblée, conquis en Savoie ses lettres de noblesses ».
L’extérieur
Observez-là de l’extérieur. L’église relève de l’art roman lombard qui est apparu en Lombardie au début du 11e siècle. Admirez l’unique tour massive et trapue (la 2e côté sud est manquante). Sur le chevet, on y reconnait les bandes lombardes caractéristiques de l’art roman (une répétition de petites arcatures aveugles en plein cintre).
L’intérieur
Pascal m’a donné une visite guidée très intéressante de l’intérieur de la basilique. Il m’a montré les magnifiques fresques (fin 12e-début 13e siècles) qui recouvrent le chœur. Puis nous sommes descendus au sous-sol dans la crypte. Là sont exposées des pierres gravées datant de l’époque romaine. Des stèles découvertes à Aime et dans la régions.
Horaires et tarifs pour visiter l’intérieur de la basilique Saint-Martin à consulter sur le site de l’Office de Tourisme de la Grande Plagne.
La tour Montmayeur
Construite aux 12e et 13e siècles, la tour Montmayeur faisait partie d’une maison forte qui commandait un pont à péage sur l’Isère. Il s’agissait également de la résidence d’une puissante famille de Savoie : les sires de Montmayeur, vicomtes de Tarentaise. On en fait mention pour la première fois en 1392.
Et bonne nouvelle : la tour se visite ! Je recommande d’ailleurs la visite guidée. Celle que j’ai suivie avec Yvette m’a permis d’en savoir plus sur l’origine de la tour et surtout sur le patrimoine de la région d’Aime.
L’intérieur
A l’intérieur de la tour, une exposition permanente est présentée sur plusieurs niveaux. Je l’ai trouvée passionnante, surtout parce que j’aime comprendre les régions dans lesquelles j’habite ou je séjourne.
La cave présente le vin au Moyen-Âge (avec la vigne en Savoie). Y sont exposés les outils que les paysans utilisaient pour le travail de la terre.
Le corps de logis abrite la reconstitution d’une scène médiévale du temps des sires de Montmayeur.
Puis les trois niveaux suivants portent sur la construction traditionnelle des maisons de la région d’Aime. On y découvre les maquettes, dessins et fonds sonores de bâtisses de la vallée (700 m), du village (1200 m) et le chalet d’alpage (2000 m).
Au 4e étage, se trouvent des cartes historiques. Des jeux éducatifs en bois portant sur la reconstitution du château au 14e siècle font un malheur chez les enfants (d’ailleurs ma fille de 5 ans les a beaucoup aimés !)
Enfin le dernier étage, coiffé d’une magnifique charpente en bois, offre une vue à 360 degrés sur la petite ville d’Aime et ses environs.
Avant de quitter les lieux, remarquez le jardin d’inspiration médiévale aux pieds de la tour. Il vient d’ouvrir en 2018. Dans quelques années, lorsque rosiers et arbustes auront poussé, il deviendra un beau lieu de quiétude à Aime.
Horaires et tarifs pour visiter la tour Montmayeur à consulter sur le site de l’Office de Tourisme de la Grande Plagne.
L’église paroissiale Saint Sigismond
L’église paroissiale d’Aime est consacrée à Saint Sigismond, roi des Burgondes de 516 à 524. Sigismond avait enrichi le monastère de Saint-Maurice-d’Agaune, en Valais, avant d’être massacré à l’arrivée des Francs en 524.
Le sanctuaire actuel fut construit entre 1675 et 1681. Il s’agit du plus grand sanctuaire de Tarentaise, après la cathédrale de Moûtiers.
La façade
La grande façade montre un aspect plutôt sobre. Toutefois, elle contient quelques détails intéressants : les trois cadrans solaires et le portail surmonté d’un fronton triangulaire abritant une statue de la Vierge à l’Enfant dans une nice à coquille.
L’intérieur
Mais la surprise vous attend à l’intérieur. Changement de décor donc, grâce à l’art baroque dominant.
Remarquez la chaire à prêcher. Conçue entre 1705 et 1710, il a été entièrement sculptée en bois de noyer.
Admirez le magnifique retable du maître-autel. Cette œuvre de Jacques Clérant (1725), un grand artiste savoyard, fut restaurée en 1813. Le retable se caractérise par une profusion de décorations et de sculptures colorées et dorées, finement réalisées.
Les stalles du chœur, sculptées en noyer, datent de 1728. Elles sont à ce jour les plus importantes de Tarentaise (40 personnes peuvent s’y asseoir).
Le mobilier est aussi de style Baroque et date du 18e siècle.
La Vierge de Villaroland
Enfin, cherchez la “Vierge allaitant” du milieu du 14e siècle. La sculpture polychrome est aussi connue sous le nom de « Vierge de Villaroland« , du nom du village dominant Aime sur la route de Granier. C’est une figure de l’iconographie chrétienne occidentale dont la sculpture n’est pas très courante dans les églises françaises. Il semble qu’elle soit un des plus vieux éléments religieux ornemental de la région.
La chapelle Saint Sigismond et le musée Pierre Borrione
La chapelle Saint-Sigismond se situe au sommet de la colline éponyme à 720 m d’altitude. Il s’agissait de l’ancienne église paroissiale avant l’édification d’une première église au 15e siècle, alors dédiée à Saint Sigismond. L’église actuelle, dédiée à la Nativité de la Vierge, fut construite entre 1675 et 1678, et ce, afin de répondre à toutes les décisions du concile de Trente.
De l’édifice, on découvre une belle vue sur les toits d’Aime.
Il y a plus de 2000 ans, la colline Saint-Sigismond était occupée par un oppidum gaulois. Puis les Romains ont fortifié le site et y ont construit des habitations. Un pan du mur datant de l’époque romaine est visible de nos jours sous le chœur.
Puis une église paléo-chrétienne fut construite sur la colline au 4e siècle. On peut encore en voir les fondations à l’intérieur (sous le chœur du sanctuaire).
Au Moyen Âge, l’église était contenue dans l’enceinte du château Saint-Jacques. On peut encore apercevoir les vestiges des fortifications en montant à la chapelle par le sentier du four.
Devenu un lieu de sépulture, puis simple oratoire, la chapelle Saint-Sigismond a été désaffectée en 1968. Le docteur Borrione, ancien maire d’Aime, l’a depuis transformée en musée local.
La chapelle abrite le musée Pierre Borrione. Labellisé Musée de France, il s’agit d’un musée archéologique présentant le résultat de fouilles menées à Aime et ses environs : céramiques gallo-romaines, monnaies antiques, colonnes et stèles. Plusieurs sarcophages sont exposés dont un qui a gardé ses occupants !
Pierre Borrione (1914-1974), c’est qui ?
Un docteur officiant à Aime qui avait été élu maire d’Aime en 1959. Ce visionnaire fut à l’origine de la création de la station de sports d’hiver de La Plagne. Car voyez-vous, les mines de La Plagne, qui employaient quelques 80 personnes, étaient vouées à la fermeture. La création d’un domaine skiable devait parer à cette situation et générer des centaines d’emplois. Mais le docteur était aussi un passionné d’archéologie. Dans l’ancienne chapelle qu’il restaura, il créa une galerie de minéraux et fossiles du néolithique à nos jours.
Horaires et tarifs pour visiter le musée Pierre Borrione à consulter sur le site de l’Office de Tourisme de la Grande Plagne.
La Grande Rue
La Grande Rue est la voie historique qui traverse Aime d’Ouest en Est. Avant la création de l’avenue de Tarentaise et le contournement d’Aime en 1991, c’est par là que l’on passait pour rejoindre Bourg-Saint-Maurice de Moûtiers.
Aujourd’hui, l’étroite rue à sens unique est bordée de cafés et boutiques. Mais ce sont les façades qu’il faut prendre le temps d’observer. Elles possèdent un fort cachet régional. Et quand je lève le nez pour apprécier les vieilles maisons, leurs balcons et persiennes, j’ai parfois l’impression que je suis quelque part … en Italie !
Aventurez-vous le long de l’étroite rue Brunet. Vous y découvrirez d’anciennes maisons aux portes en bois de noyer et de paisibles jardinets.
La place Brunet
Au centre de la Grande Rue, la place ombragée porte le nom de place Brunet. Un panneau d’information nous donne un peu plus de détails sur cette petite place :
« Elle porte le nom d’une des familles les plus anciennes d’Aime.
Sa création en 1994 a permis d’aérer et de mettre en valeur les façades alentour. Les édiles actuels poursuivent ainsi le plan d’embellissement mis en œuvre par les syndics d’Aime sous la Restauration sarde de 1830 à 1860.
La fontaine en marbre gris de Villette est la copie conforme d’un bassin qui, pendant un siècle, a orné l’entrée de la Grande Rue à l’emplacement de l’ancien hôpital. »
Le marbre gris de Villette provient des carrières de pierre situées à Villette (ce village fait partie du territoire de la commune d’Aime-la-Plagne). Aussi appelé « Bleu de Savoie », il s’agit d’une roche calcaire cristalline très compacte à grain moyen et de coloris gris bleuté. On le retrouve employé dans des monuments et maisons d’Aime-la-Plagne, dont la basilique Saint-Martin.
Les villages et sites à découvrir autour d’Aime-la-Plagne
Aime-la-Plagne est une base idéale pour explorer la Moyenne Tarentaise entre Moûtiers et Bourg-Saint-Maurice.
- En hiver, Aime-la-Plagne est proche des stations de ski de l’espace Paradiski (La Plagne, Peisey-Vallandry et Les Arcs).
- En été, vous adorerez vous promener dans le Beaufortain et la Vanoise, eux aussi tout proches ! De plus, en juillet, Aime est souvent traversée par le Tour de France (comme en 2018). La commune a été ville étape en 1995 et en 2002.
En toutes saisons, j’aime conduire d’Aime à Bourg-Saint-Maurice en parcourant les coteaux nord de la vallée (D86A/D86). Les habitants le surnomment le Versant du Soleil. Il porte bien son nom car l’exposition de ce versant de la Moyenne Tarentaise fait qu’il est baigné de soleil toute la journée.
Sur les chemins du Baroque
En suivant cet itinéraire (le top c’est avec des vélos à assistance électriques), vous traverserez de charmants villages de montagnes dont les églises renferment des trésors de l’art Baroque local : Tessens, Granier, La Côte d’Aime, Valezan, Les Chapelles et Vulmix. Et ce n’est pas tout : la route est un véritable belvédère sur la vallée de la Tarentaise et les sommets enneigés du massif de la Vanoise et des Alpes Grées à la frontière avec l’Italie.
Pour en savoir plus sur Aime-la-Plagne
- Aime-la-Plagne est située à égale distance de Moûtiers et Bourg-Saint-Maurice (15 km).
- L’Office de Tourisme de la Plagne Vallée vous accueille au 1139 Avenue de Tarentaise (en face de la mairie et à proximité de la basilique Saint-Martin) – Site web. Vous y trouverez de nombreuses brochures touristiques sur la région, un accueil avec le sourire et une carte interactive en 3D du domaine de la Grande Plagne absolument bluffante (Aimée, 5 ans, a été conquise !)
- Des TER s’arrêtent en gare d’Aime sur la ligne reliant Albertville à Bourg-Saint-Maurice via Moûtiers.
- Il est facile de se garer à Aime. Des places de stationnement se situent le long de l’avenue de Tarentaise, puis entre la basilique et la ville (rue de la poste) et enfin autour de l’église.
- Les toilettes publiques gratuites se situent près de l’Office de Tourisme, de la poste et de l’église.
- Le marché hebdomadaire d’Aime-la-Plagne a lieu tous les jeudis matins et se tient sur une partie de la rue de la poste.
Une borne wifi vous permet de vous connecter à l’Internet (30 min gratuite de connexion par jour) à l’office de tourisme La Plagne Vallée (en face de l’Hôtel de Ville) et en très proche périphérie.
Le livre sur le patrimoine religieux d’Aime-la-Plagne
Pour compléter la visite d’Aime-la-Plagne, je vous recommande le livre Eglises et chapelles de la commune d’Aime-la-Plagne par Pascal Laille. Grâce à cet ouvrage, vous découvrirez nombre d’églises et chapelles de la commune d’Aime-la-Plagne et leurs fantastiques trésors architecturaux. Pascal est un passionné d’histoire, guide conférencier des villes et Pays d’Art et d’Histoire ainsi que Guide du Patrimoine des Pays de Savoie.
Le livre Eglises et chapelles de la commune d’Aime-la-Plagne est disponible à l’Office de Tourisme de la Plagne-Vallée (avenue de Tarentaise) ainsi que dans plusieurs librairies de la région.
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