Située à 8 km au nord de Sélestat (Bas-Rhin), Ebersmunster est un petit village qui abrite un joyau de l’art baroque en Alsace. Nous avons même appris qu’il s’agit du seul édifice de style baroque autrichien en France ! Entre Colmar et Strasbourg, elle mérite un petit détour car une fois à l’intérieur, vous serez impressionné par tant de magnificence, d’élégance et de raffinement. J’espère que les photos de ma visite sauront vous convaincre d’entrer dans le sanctuaire !
Ebersmunster : un peu d’histoire
L’église se trouve dans le petit village d’Ebersmunster et se signale de loin avec ses trois clochers à bulbe verts. Elle faisait partie d’une puissante abbaye bénédictine qui aurait été fondée en 667 par l’évangéliste irlandais Saint-Déodat. La première église abbatiale abrita les reliques de Saint-Maurice. Celles-ci avaient été confiées à Déodat par l’abbaye de Saint-Maurice en Suisse.
L’abbaye prospéra sous le patronage d’Etichon, duc d’Alsace et père de Sainte Odile, la sainte patronne de la région.
Les bâtiments de l’abbaye et de son église (construite en 1155) furent détruits par les troupes suédoises pendant la Guerre de Trente Ans le 5 octobre 1632. On reconstruisit donc l’abbaye qui retrouva la prospérité.
La nouvelle église fut érigée par Peter Thumb (1681-1767), un maître d’œuvre autrichien d’expression baroque. Il participa à la construction de plusieurs abbatiales baroques, notamment à St. Trudpert dans la Forêt-Noire, Birnau sur les hauteurs du lac de Constance et Saint-Gall en Suisse. Les travaux de l’église abbatiale d’Ebersmunster durèrent de 1709 à 1727. En 1712, l’église fut terminée mais brûla 4 ans plus tard. Il fallut reconstruire.
L’abbatiale a été épargnée pendant les périodes troubles de la Révolution mais a essuyé quelques dommages lors des combats de décembre 1944. Aujourd’hui restaurée, elle est la seule grande réalisation d’art baroque du Vorarlberg autrichien en Alsace.
L’extérieur de l’église d’Ebersmunster
L’extérieur de l’église est relativement sobre. La façade est composée de murs couleur crème encadrés par des pilastres de grès rose des Vosges. Les deux tours de la façade sont carrées à la base et octogonales au-delà de la voûte. Elles ont une hauteur de 48 mètres et sont couronnées d’un clocher à bulbe élancé, recouvert de tuiles vernissées vertes. Les tours sont reliées par une balustrade et un pignon qui contient la statue de Saint-Maurice.
A l’arrière de l’église, adossée au chœur, se dresse une troisième tour. On lui a donné le nom de Tour des Païens (ou Heidenturm). Haute de 45 m, elle est également coiffée d’un clocher au bulbe vert vernissé. Elle est de construction antérieure à l’église (1670-1680).
L’intérieur de l’église d’Ebersmunster
Une fois à l’intérieur, on est ébloui par ce grand vaisseau aux voûtes somptueusement peintes. C’est une église lumineuse et l’on est loin des sombres sanctuaires romans ou gothiques. Ici, c’est une forme de gaieté qui s’exprime. Oui, on se croirait quelque part en Autriche ou en Bavière, pays de la joie de vivre !
L’abbatiale est une église-hall longue de 56 mètres. La nef comprend trois travées en voûte, un transept et un chœur.
La décoration intérieure
La décoration intérieure date de 1727 et affiche une certaine harmonie : le mobilier baroque, les vastes fresques, le recours au bois, à la pierre, au stuc et aux dorures…
Les fresques de l’église
L’abbatiale d’Ebersmunster est réputée pour ses magnifiques fresques colorées. Si les vitraux des cathédrales gothiques servaient à raconter les histoires, à Ebersmunster, c’est au plafond qu’il faut lever les yeux pour les lire.
Voici ce que représentent les fresques peintes que vous découvrirez sur les voûtes :
- Première travée de la nef : le martyre de Saint-Maurice et son accueil dans la gloire. Le pauvre Maurice, enrôlé dans la légion romaine, avait refusé d’adorer les idoles. Il fut purement et simplement décapité. Dans les médaillons des angles, les Saints suivants : Ambroise, Augustin, Jérôme et Grégoire.
- Deuxième travée de la nef : Saint-Benoît (fondateur de l’ordre du monastère d’Ebersmunster) prophétise au roi des Ostrogoths, Totila, sa défaite contre Narsès. On remarque en arrière-plan le Mont Cassin. Dans les médaillons des angles : les allégories de la puissance, de la sainteté, de la pérennité de l’ordre bénédictin.
- Troisième travée de la nef : la glorification de Saint-Benoît. Dans les médaillons des angles : les grandes figures de l’ordre bénédictin : Edmond, Ildefonse, Rupert et Bède le Vénérable.
- A la croisée du transept se trouve une représentation de l’Assomption de la Vierge Marie en trompe l’œil de 1759. C’est le point culminant artistique de l’ensemble des fresques.
- Les fresques du plafond du chœur révèlent la Foi, l’Espérance, l’Amour, l’Agneau de l’apocalypse et la Sainte-Trinité.
La chaire à prêcher
Remarquez la jolie chaire à prêcher : elle est soutenue par les bras puissants de Samson !
Le chœur de l’église
Le chœur abrite des stalles de Mathieu Wurtzer sculptés dans le bois. Les statues qui surmontent les sièges représentent des saints. Un écriteau en langue allemande permet de les identifier.
Le maître-autel (1728) au fond du chœur est surmonté d’une époustouflante couronne en baldaquin dont les sculptures et dorures flamboyantes s’élèvent jusqu’aux voûtes. C’est une œuvre de Jean-Léonard Meyer, de Sélestat.
L’orgue Silbermann
Avant de sortir, prenez le temps d’admirer le magnifique orgue (1730-1732) construit par le célèbre facteur Andréas Silbermann. Derrière l’orgue, on découvre une peinture représentant Sainte-Cécile, entourée d’anges musiciens.
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